| Une visite sous haute tension [PV Jack] | Invité Invité | | |
| Sujet: Une visite sous haute tension [PV Jack] Dim 1 Fév - 18:25 | |
Pour faire une Marguerite heureuse, il n'y a pas de secret. Prenez un jour de congé, un jour férié, un dimanche, ou n'importe quel après-midi où la machinerie de l'usine aura cru bon de se mettre en grève, sélectionnez avec goût quelque recoin obscur des enfers, saupoudrez de ce qu'il reste d'une Marguerite blasée, secouez, balancez le tout par la fenêtre, et attendez de voir. C'est à peu près ce que le hasard avait concocté pour notre grande perche ce jour-là. En guise de recoin pas si obscur, le quartier des Coléreux faisait très bien l'affaire. Et c'est une Marguerite presque souriante qui en arpentait les rues. Bon, d'accord, son contentement puait le cynisme à trois bornes à la ronde, et ses yeux riaient méchamment du faste déploiement publicitaire pro-Attila, mais la ballade avait réellement quelque chose d'amusant. D'autant qu'il n'était pas sans risque de s'aventurer là où ses pas la menaient. Glissant entre les silhouettes austères des bâtiments, Marguerite s'enfonçait peu à peu à l'intérieur du quartier. Pour rejoindre son lieu de destination, mieux valait opter pour les chemins de traverse. Dans l'artère principale, laissée derrière elle, résonnait en chœur le claquement de pieds de la milice. Marguerite avait toujours été intriguée par ces incessantes patrouilles, qu'elle ne voyait par ailleurs jamais en dehors du domaine des hargneux. Pas de doute, chaque quartier était façonné à l'image de ceux qui l'habitaient. Elle avait bien fait de pas céder à la rage de son vivant... Si on l'avait envoyée croupir dans une zone pareille, le climat militaire aurait définitivement eu raison de son sang-froid Mais bon, la promenade en valait la peine. Nul autre quartier n'était aussi propice que celui-ci à la satisfaction d'un des plus morbides penchants de sa curiosité.
Comme le dédale des ruelles lui était familier, Marguerite ne tarda pas à trouver son chemin. Elle avait habilement contourné l'avenue principale afin de se glisser à l'arrière de la plus importante construction du quartier. A partir de là, rien n'était plus aisé que de se frayer un passage à l'intérieur. C'était une chance que l'architecte du QG des miliciens ait été un fervent amateur de portes. Outre les entrées réservées au personnel du grand chef des coléreux, il en avait parsemé un florilège de plus discrètes, des hautes, des basses, des larges, des qui ressemblaient davantage à des trappes, quelques unes auxquelles on avait carrément oublié d'ajouter une poignée, et toutes, malgré leur nombre, faisaient profil bas, encastrées qu'elles étaient dans la profonde et grimaçante façade. Aile un peu isolée du bâtiment, le pénitencier offrait lui aussi son lot de portes dérobées. Marguerite jeta son dévolu sur l'une d'elles, et s'engouffra enfin à l'intérieur. Elle reconnut sans peine la parcelle d'escalier où elle venait d'atterrir, et poursuivit sa route jusqu'à l'étage supérieur. Il y avait plusieurs mois que Marguerite s'introduisait ainsi en douce dans ces quartiers infâmes où croupissaient des criminels de toutes sortes. Oh bien sûr, pour la plupart,il s'agissait de pauvres types assez mal avisés pour s'être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, mais il lui arrivait, parfois, de discerner entre les barreaux des cellules le profil venimeux d'une authentique ordure. Et les ordures, Marguerite, elle se plaisait bien à les observer. Il y avait quelque chose d'étrange à se dire que les âmes de ces pauvres diables, ayant cru connaître le dernier jugement en passant les portes de l'Enfer, s'étaient vu une nouvelle fois punir pour les crimes qu'ils avaient continuer d'y commettre. La frustration poussait certains prisonniers dans leurs derniers retranchements. Et cela, la curiosité de Marguerite savait en jouir.
Bien des fois, elle avait dû écourter sa visite en entendant claquer au bout d'un couloir le pas d'un responsable. C'aurait été trop bête de se faire prendre la main dans le sac. Mais aujourd'hui, les lieux lui semblaient étonnamment calmes et propices à un exploration avancée. Marguerite rêvait de savoir ce qui se cachait derrière les grosses portes noires qui barraient en son milieu le corridor du premier étage. Jusqu'à elles s'alignaient, de part et d'autres, des cellules d'où se répondaient les criaillements des prisonniers, et elle ignorait si cette démarcation avait quoi que ce soit de signifiant. Peut être avait-on isolé les plus dangereux détenus ? Marguerite frémissait d'excitation à cette idée. Vraiment, il n'y avait rien de mieux qu'un détour au pénitencier pour la remettre d'aplomb. Ces visages tortueux qui se pressaient contre les barreaux lui donnaient l'impression de s'être perdue dans la galerie d'une foire aux monstres, et bien qu'elle se repente un tout petit peu de cet intérêt sordide qu'elle portait à une telle exposition, la jeune femme n'échappait en rien au joug de sa fascination. A grands pas, elle rejoignit donc le bout du couloir, et força sur la poignée dont la résistance ne fit qu'accentuer son désir de savoir. C'est avec jubilation qu'elle la sentit enfin céder, et qu'elle se glissa dans la deuxième moitié du couloir. Une série de portes avait remplacé celle des cellules. Un petit encadrement vitré en surplombait le haut, aussi Marguerite se rapprocha-t-elle de l'une d'elle pour y jeter un coup d'œil. Un voile opaque, placé à l'intérieur, masquait toute visibilité. Refusant de s'en tenir là, l'intruse se rabattit sur une autre porte, puis encore une autre. Elle s'apprêtait à en tester une quatrième, lorsqu'un bruit attira son attention. Vivement rappelée à la réalité, Marguerite se maudit pour son instant d'inattention. Sur ses gardes, elle se mit en tête de regagner la grosse porte noire. Bon sang, si on la trouvait ici, elle allait passer un sale quart d'heure...
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| Sujet: Re: Une visite sous haute tension [PV Jack] Jeu 26 Fév - 22:53 | |
Une Visite Sous Haute Tension Les dossiers sont rangés, pliés, empilés avec un soin presque maniaque dans un coin de mon bureau. Mon regard les effleure un instant, sans néanmoins leur accorder la moindre espèce d'attention. Sur ces feuilles sont inscrits les noms, les visages et les diverses informations d'une partie des détenus internés ici. La pile n'en représente qu'un centième, qu'un millième. Classement, rangement, ordre et tri, et les milliers de feuillets existants eux-même catalogués dans d'autres piles toutes aussi bien organisées par des hommes morts qui cherchent un moyen d'occuper tout le temps que les enfers leur ont donné.
Qu'est-ce que je fous là ?
C'est une question que je me pose moi-même, par moments. Cet instant d’inattention, où mes pupilles d'argent passaient sur la futile pile d'informations, en fit partie.
Je reste impassible, mais ces pensées me mettent toujours de mauvaise humeur. Ce n'est jamais de très bon augure.
D'un geste brutal, je me redresse et m'expulse hors de la chaise. Le bureau tremble sous le choc, la pile frémit, et la première des feuilles glisse de quelques centimètres, feignant de dégringoler de sa tour.
Mais je suis déjà à la porte. Tournant le dos à mes pensées sombres, je sors de la pièce sans un regard en arrière, le déclic de la poignée résonnant dans mon esprit. J'ai besoin d'air. Je sais où m'en procurer.
Il n'y avait rien de neuf dans ce pays. Rien de nouveau pour moi. C'était ennuyeux à mourir. Le but de la vie, n'est-ce pas ? Cela devait aussi s'appliquer dans la mort, alors. Car de but, ici, je n'en voyais aucun. La peur de mourir n'était même plus présente.
Le goût du sable s'est imprimé sur ma langue.
Alors, une idée a germé dans un coin de mon esprit, timide et minuscule, mais qui a su attirer mon intérêt. Je l'ai alors saisi à deux mains, tentant le tout pour le tout.
Il va falloir faire avec.
Ce pays est grand, mais je savais que c'est ici qu'ils finiraient. Les retrouver, cependant, était une toute autre affaire. J'ai donc pris la décision qu'en attendant, j'apprendrais.
J'ai toujours été une homme instruit, mais il y a instruction et instruction. La première, c'est l'immuable, celle qu'il sera toujours bon d'avoir acquis. Les bases de la physique élémentaire, savoir lire une carte ou déchiffrer tous les types de langages inventés par les hommes. Puis la seconde. Celle qui, à chaque misérable seconde s'écoulant, varie et se trouble pour se confondre en autre chose. L'actualité, en des termes plus plats.
Cette fois, je visais la seconde tout comme la première.
L'éternité serait suffisante, avais-je estimé.
Mes pas me menèrent à une lourde porte de fer, que j'ouvris d'un geste vif. La fraîcheur de l'endroit, due à l’absence de base chauffante et à l'isolement complet du sous sol, m'enveloppa doucement. Et alors que je pénétrais dans l'ombre, une légère surprise m’assaillit.
Il y avait deux choses inhabituelles.
Tout d'abord, une jeune femme penchée sur une porte métallique, un œil sur la poignée, l'autre m'observant avec attention. Son profil se dessinait lentement alors que mes yeux s'habituaient à la pénombre. La seconde, c'était la porte qui n'avait offert aucune résistance. Elle aurait normalement due être fermée aux passants.
Seul le bruit de ma respiration, régulière, déchirait le silence. Une lueur de curiosité s'anima dans mon esprit. Je connaissais cette femme. Elle aussi, elle me connaissait.
Pour quelle raison était-elle ici ? Que cherchait-elle dans cet endroit si lugubre ?
Mais surtout : dans le combat incessant des volontés qui se mène dans tous les esprits, qu'était la prudence face à sa curiosité morbide ?
Car voilà la véritable raison de sa présence ici. Soif de nouveauté. Un âme parmi tant d'autres. Les seules fois où je l'ai croisée, peu importe le lieu, voilà ce qui m'avait sauté aux yeux.
-A qui ai-je l'honneur ? Demandais-je d'une voix suave.
Commençons par le commencement. C'est ce qu'aiment les Hommes, dans la vie ou les enfers. L'Ordre. ° CODAGE PAR DITA | EPICODE, retouché par Eric Lehnis |
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| Sujet: Re: Une visite sous haute tension [PV Jack] Dim 8 Mar - 15:00 | |
- Sainte merde..., persifla Marguerite entre ses dents.
Voilà que la lourde porte du couloir s'ouvrait. Un simple regard alentour suffit à en convaincre la jeune femme : elle n'avait plus le temps de tester d'autres issues potentielles. Voulant rattraper un tantinet de contenance, Marguerite respira une bonne fois pour toute et s'éloigna de la porte qu'elle était un instant plus tôt en train d'inspecter. Elle se figea au milieu du corridor pour faire face. Une petite lueur de défi brûlait dans ses yeux, mais elle n'en menait pas large. Quand le type entra et que son propre regard lui tomba dessus, Marguerite fut contrainte de mesurer l'ampleur de sa bourde. Et puis elle réalisa l'évidence. Elle le connaissait.
Outre sa carrure typique de rejeton de la colère, il y avait bien quelque chose de familier dans les traits froids et implacables du type. Ils s'étaient probablement croisés. Marguerite adorait collecter des portraits d'inconnus pour sa petite galerie personnelle, dans un creux de sa tête. C'était d'autant plus gênant que celui-là, elle ne l'avait pas vu qu'une fois. C'est facile de dévisager les passants quand on se dit qu'on n'aura jamais de comptes à leur rendre. Pourquoi diable fallait-il que ce mec-là travaille sur son terrain de jeu favori ?
Sa voix résonna dans le calme troublant du corridor, et Marguerite frémit. Nulle menace dans ses paroles, mais cette façon qu'il avait de la fixer du regard la mettait mal à l'aise. Elle était tombée dans l'antre du loup. C'était bête, elle s'en tirait tellement bien, d'ordinaire ! Pour tout dire, elle n'avait jamais élaboré de plan de secours. Ses excursions illégales se faisaient à l'instinct, au jour le jour, sans précautions préalables. La mâchoire crispée, Marguerite fulminait intérieurement d'avoir été assez nouille pour se glisser dans l'enceinte d'un des bâtiments les moins recommandables de l'Enfer sans avoir songé à l'éventualité d'une complication. C'était vraiment, vraiment trop bête.
La question du coléreux flottait encore dans l'air. C'est fou ce que l'acoustique était prenante, dans ce corridor. Marguerite ne bougeait pas. Les mains plantées dans ses poches, elle analysait à toute vitesse ses possibilités. Se présenter ? Se justifier ? Partir en courant ? Na, à en juger par les grandes perches qui tenaient lieu de jambes à l'ennemi, la dernière option ne méritait même pas qu'on s'y arrête. Tôt ou tard, il lui faudrait jouer cartes sur table. Pas moyen qu'on la laisse sortir d'ici sans embrouille.
Qu'à cela ne tienne, Marguerite décida de tenter le diable. Elle s'était embourbée suffisamment loin maintenant. Au mieux, elle s'attendait à être invitée à quitter l'endroit avec un avertissement, au pire, elle se ferait de nouveaux camarades derrière les barreaux. C'est pas son boulot qui lui manquerait, en tout cas. Restaient encore une deux options qui n'avaient rien de bien attirant. Il fallait qu'elle se sorte de là. A demi résolue, la jeune femme fit un pas en avant. Tout doucement, comme si elle s'avançait sur un fil. Elle ne savait pas à quoi s'attendre, avec ce grand machin qui lui faisait face, aussi le regardait-elle par en-dessous, comme un vieux clébard regarde le type qui pourrait le frapper, prêt à filer s'il le voit lever la main.
- On se connaît, non ?, risqua-t-elle.
D'accord, elle avait pondu mieux comme approche. Craignant qu'il se formalise d'une telle liberté, la jeune femme s'empressa d'ajouter :
- Enfin p'être pas. J'suis Marguerite.
Elle mâchait mal ses mots, comme un enfant qui rechigne à avouer sa faute. Marguerite n'aimait pas trop l'idée de lui refiler son nom, à celui-là. Sait-on jamais, s'il lui prenait l'idée de la dénoncer. Enfin, la dénoncer à qui ? Elle ne connaissait pas grand chose de l'organisation du pénitencier, mais à voir ses grands airs, celui qui l'avait surprise n'avait rien du dernier plouc des secrétaires.
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