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 'Cause God can't save you from all your sins

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Virgil Virgil
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MessageSujet: 'Cause God can't save you from all your sins   'Cause God can't save you from all your sins EmptyVen 14 Fév - 9:48



« Collect the hours suffering in vein »




Une journée de merde. Encore une journée de merde. Toujours des journées de merde. Un coup de pied, et il referme la porte de son appartement, en un claquement qui manque de faire tomber l'encadrement de l'entrée. Il soupire, laisse glisser son manteau le long de son dos, et s'échouer là, sur le parquet grinçant. Son premier réflexe, c'est d'ouvrir la porte de son frigo, pour en sortir une bière. Une bière qu'il décapsule en tapant l'opercule sur le coin d'un meuble. Le métal tombe, à quelques centimètres de la poubelle, dommage. Il ne se penche pas pour le ramasser, trop occupé à porter le goulot à ses lèvres, et laisser l'alcool couler en lui. Quelques gorgées, et il pousse un râle de contentement franchement peu glamour. Mais il est seul, et surtout, il s'en fout. Il pose la bouteille sur une table en bois précaire, non loin d'une boîte de pizza vide. Comme d'habitude, son appartement, c'est une vraie décharge. Il y règne une odeur de renfermé, mais également de tabac et de bière chaude. Le pire, sans doute, est qu'il se complaît dans ce maudit taudis. Il enlève son t-shirt, et le balance sur la télévision. Après avoir défait quelques hauteurs de lacets, il envoie ses Doc's voler sans plus de considération. Ses doigts viennent défaire les premiers boutons de son jean, qui glisse alors le long de ses jambes, et dont il s'extirpe. Il marque un arrêt dans sa marche, se penchant d'un côté, puis de l'autre, pour enlever ses chaussettes, et les balancer dans son panier de linge sale, panier rarement utilisé d'ailleurs. Un pas, puis un nouveau, et il rentre dans sa salle de bain. Du coin de l'œil, il aperçoit son reflet, flou, terne, à cause de ce miroir qui aurait besoin d'un bon lavage. Il esquisse un sourire face à lui-même, et attrape l'élastique de son boxer. Et le voilà qui est désormais entièrement nue, face à un double pathétique de lui-même. Il se tourne légèrement, pour regarder le tatouage inscrit dans le creux de son dos, ce poème, le dernier qu'il était parvenu à écrire depuis bien des années. Il soupire à nouveau, se penche sur le lavabo, et attrape, entre son pouce et son index, sa lèvre inférieur qu'il plie, retourne. "No Compassion", voilà ce qui y est inscrit, et encore visible. Voilà enfin une bonne nouvelle aujourd'hui. 

L'ancien poète se glisse sous la douche, et laisse l'eau couler sur lui. Putain, ça fait du bien! Légèrement chaude, l'eau semble emporter, sur son passage, les traces de cette journée merdique, pour les noyer une fois tombés dans le siphon. Il passe ses mains dans ses cheveux, les plaquant sur l'arrière de son crâne, et entrouvre la bouche, histoire d'accumuler un peu d'eau qu'il recrache par la suite, avec toujours autant de classe. Mais encore une fois, il en a rien à faire. Les minutes s'écoulent, et le voilà qui se lave, frottant ce corps pour se débarrasser de quelques saletés. L'eau vient à nouveau tout emporter sur son passage, avant qu'il ne sorte, une serviette à la main, d'en dessous ce torrent délicat. Il se frotte d'abord les cheveux, se sèche ensuite vaguement le reste du corps, avant de poser la serviette blanche sur ses épaules, et de quitter la salle d'eau, pour retrouver la bière qu'il avait délaissée. Quelques nouvelles gorgées, bien plus grande cette fois, et la bouteille de verre se vide du reste de son contenus. Virgil la repose là, sur cette table, et part s'affaler sur son canapé, alors qu'il est encore à poil. Il ferme les yeux un instant, et profite de son confort, bien que rudimentaire. Son canapé manque de quelques lattes pour être vraiment luxueux, son lit n'est même pas un lit, mais juste un matelas posé dans une pièce voisine qui lui sert de chambre. Son regard balaye son appartement, contemple l'état dans lequel il est. Mal entretenu, pas véritablement sale mais délaissé. Désormais, aux cartons de pizza et aux bouteilles de bière se joignaient ses fringues du jour. Il devrait faire un brin de ménage. C'est un truc qu'il se dit souvent ça. Mais, il a la flemme. Alors il le fera demain. Et demain, au final, il ne le fera sûrement pas.


S'étirant légèrement, il parvient à attraper la télécommande, et allume ainsi le poste de télévision. Rapidement, il zappe sur quelques chaînes... pour y trouver que des programmes sans intérêt à ses yeux. Un peu plus d'une minute après qu'elle se soit allumé, le voilà qu'il l'éteint avant de balancer la télécommande, d'où saute une pile électrique. Il soupire, se laisse tomber sur son canapé... son regard d'onyx se perd dans les lattes de son plafond. De nouvelles minutes se meurent dans sa léthargie, des minutes de calme, des minutes de silence. Des minutes qui, elle aussi, s'achèvent, lorsqu'il se lève pour aller prendre son jean. Il fouille dans ses poches, et en tire son portable. L'écran tactile s'illumine, il pianote son mot de passe, et accède à son écran principal. Pas de SMS. Si c'était le cas, le petit crocodile bleu viendrait le prévenir. Il fouille dans son répertoire de contact, fait défiler les noms de nombreuses personnes de cette ville infernale. Les noms les plus connus s'enchainent, se fondent les uns dans les autres. Et il s'arrête sur l'un d'eux. Dans la catégorie des "S". Il sourit. Sélène Deliyiorgis. Un nom imprononçable pour lui, qu'il se gardait donc de dire. Sélène, c'est très bien. Ses sourcils se tordent alors qu'il accède au profil de celle-ci. Pas de photo. Tous ses contacts ont une photo attribuée... Enfin, il ne s'attarde pas bien longtemps sur ce détail. Son pouce s'écrase sur le bouton "Appeler".


Sélène, je l'ai accueillis en Enfer, comme beaucoup avant elle. Mais je l'ai vraiment rencontré au Sed', la boite de nuit de Cléo'. C'est la benjamine des pouliches de la Mère Luxure. Jeune, mais après tout, c'est subjectif en Enfer. L'âge... regarde moi, j'ai plus de deux-milles ans putain!

 Les tonalités s'enchainent, mécanique, répétitive. Visiblement, la demoiselle devait être aux prises avec quelques occupations qui l'empêchaient de décrocher. Le répondeur se met alors automatiquement en route, permettant au moins à Virgil de laisser un message sur la boîte vocale de la luxurieuse : "ramènes-moi ton joli minois à l'appart', j'ai besoin de tes services ce soir. Je pense que tu retrouveras le chemin comme un grande. Dernier étage, appartement numéro 5. Je serais bien passé au Sed', mais, je préfère me faire discret pour quelques jours. La dernière fois, j'ai vraiment foutu la merde... "  Il y a quelques secondes de blanc dans ses paroles, le temps qu'il trouve un cadran qui lui indique l'heure. Il le trouve sur le boitier numérique, non loin de la télévision. 19H20... "On se dit 21h chez moi okay? Comme ça, ça te laisse un peu de temps pour te préparer, te maquiller, et tout le bordel. Et t'inquiète pas, tu seras payé." Il raccroche alors, finissant ainsi son message. Bon, lui aussi devrait s'habiller. Au moins mettre quelque chose sur ses fesses, et pas l'accueillir à poil. Certes, y a des chances pour qu'il se fasse déshabiller dans la soirée, mais c'est pas une raison pour l'accueillir dans cette tenue. Avant cela, il voulait ouvrir au moins une fenêtre, histoire de laisser un peu d'air frais pénétrer l'intérieur de ses murs. Sinon, c'était un coup à la faire fuir avant même qu'elle n'ait passé le bas de la porte.

Désormais, il est 20h50. Tout du moins, la dernière fois qu'il a regardé son portable, il était 20h50. Un jean bleu foncé tombe sur ses jambes, et s'engouffre dans les profondeurs de ses lourdes chaussures noires. Sur son torse, un t-shirt blanc, dont le col tombant laisse entrevoir quelques dessins de ses pectoraux. Ses cheveux sont toujours en bataille, et son regard n'a pas perdu de son noir. Il sourit face aux quelques bouteilles qu'il a sorties, puis posé sur ce qui lui fait office de table basse, une planche de bois posé sur quatre tas de livres de grandeur approximativement égale. Des auteurs antiques pour la plupart, bien que l'on retrouve des œuvres de tout temps. Il regarde à nouveau son portable. 21H05. Elle devait avoir mis plus de temps que prévu pour s'habiller. Ou alors elle s'était perdu. En l'attendant, il se sort une clope, l'allume, et commence à tirer dessus. Quelques volutes de fumée s'envolent, alors que l'on vient frapper à la porte. Il sourit, se lève, et gueule en avançant vers la porte, attrapant deux bouteilles de bière ouverte sur son passage : "Rentre, c'est ouvert!" 


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MessageSujet: Re: 'Cause God can't save you from all your sins   'Cause God can't save you from all your sins EmptyVen 14 Fév - 19:32

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Sélène n'avait aucune envie de sortir de son lit aujourd'hui. Envie de rien faire. Pas envie de bosser, pas envie de danser, pas envie de coucher avec de parfaits inconnus (pour une fois). Elle avait passé toute la nuit à se poser des questions idiotes du genre « Est-ce que je manque à quelqu'un ?» ou bien « Est-ce que j'ai toujours été ... ce que je suis maintenant  ?» Des questions idiotes. Mais il faut dire que Sélène s'ennuyait par moment.Et oui, la jeunesse éternelle c'est bien beau mais qu'est-ce qu'on peut se faire chier dès fois. Elle était là, allongée sur son lit, étendue à la façon d'une étoile de mer, puis, elle en eut marre de se poser des questions dont elle n'obtiendrait sûrement jamais la réponse (et de toute façon, elle s'en foutait pas mal de ce qui était arrivé avant, le passé c'est le passé, elle, elle vit dans le présent.) Ses longs cheveux noirs l'entouraient, ils étaient sales et pas coiffés, ce qui était une grande première. Mais Sélène soignait trop bien son apparence, pas moyen d'être sale, même pour glander chez soi.  Une dizaine de minutes plus tard, elle se leva difficilement de son lit bien chaud et jeta ses vêtements un peu partout par terre avant d'aller sous une douche brûlante et de se laver entièrement. Elle se sentait déjà mieux, bien mieux.

Il était onze heures du matin quand elle se décida à manger quelque chose, pas maquillée, pas habillée (même si elle était rarement habillée avec les gens, de toute façon), le choix était tout fait : pizza et bière avec une clope. Et ce, devant la télé, à la manière du dernier des machos. Mais bon, elle ne laissa rien traîner après avoir tout fini, son appartement était impeccable, il brillerait presque ! Ce qui était chiant en enfer, c'est que tout se répétait. Tout le temps. Jamais elle ne vieillirait, elle resterait toujours dans ce corps, à mi-chemin entre gamine et adulte. Mais cela lui plaisait pas mal, elle savait de toute façon qu'elle avait beau être la Benjamine, elle n'en était pas moins une des meilleures. La danse était plus qu'un travail, c'était une passion, quelque chose qu'elle avait dans le sang. Sélène aimait plutôt bien sa patronne, Cléôpatre. Elle était .... plutôt gentille et bienveillante. Enfin, elle ne la gavait pas trop, c'était tout ce qui importait, elle la laissait danser, s'occuper, elle la laissait vivre sa mort, elle ne l'enfermait pas dans une bulle, ne la protégeait pas comme un oiseau tout juste sortit de l'oeuf (à part une fois, avec un client trop collant), mais en bref, Cléo était plutôt cool.

Sélène soupira avant de s'arrêter devant le miroir et de se contempler. Elle était dans un t-shirt trop grand, sans soutien-gorge avec une culotte Batman. Ses cheveux étaient comme les prêtresses chinoises, avec une baguette dans le chignon, les cheveux mouillés et en batailles, souriant, prenant des poses tantôt mignonnes, tantôt faisant des grimaces, essayant de voir quel est son meilleur profil, s'admirant, admirant sa maigreur, la longueur de ses jambes et sa parfaite épilation en riant. Elle lança une chanson sur laquelle on peut se défouler et s'éclater pour se lâcher dans cette journée où elle n'irait pas au boulot. A la fin de la chanson, elle se laissa tomber sur le lit, haletante. Elle se rendormit, là, sur ce lit bien chaud, bien douillet en position foetale. Aujourd'hui serait une journée tranquille, très certainement.

La sonnerie du téléphone tira la belle des bras de Morphée, doucement, lentement. Elle jeta un rapide coup d'oeil au réveil, en se frottant l'oeil droit ; 19H50. Ca rattrape la nuit blanche à se poser des questions à la con, au moins. Elle n'eut pas le temps d'attraper le téléphone qu'il avait déjà arrêté de sonner. Elle haussa les épaules en se disant que si c'est important, la personne rappellerait ou laisserait un message. Elle jeta un rapide coup d'oeil dans le miroir, au final, même débraillée elle restait terriblement sexy. Et très modeste.Elle décida d'aller s'habiller quand une petite sonnerie vint lui dire qu'elle avait un message. Elle attrapa son téléphone, rentra son code de dévérouillage et mit le haut parleur afin d'écouter ledit message.

« Virgil »


Un mince sourire se dessina sur le visage de Sélène à l'attente de la voix de cet homme qui l'avait accueillie "ici" et qui venait de temps en temps à la boîte de nuit. Payée, hein ? Ouais, Sélène manquait un peu de fric en ce moment, et comme elle n'avait pas bossé aujourd'hui, un peu d'argent de poche serait le bienvenue. Et de toute façon, il lui avait semblé qu'elle n'avait pas le choix. Elle ne lui envoya même pas de message pour dire qu'elle venait ou non, le choix était vite fait. Elle se contempla une dernière fois dans le miroir avant d'aller se préparer. S'ensuivit une bonne heure à choisir des vêtements, à les jeter sur le lit, par terre, et à tous les endroits possibles pour enfin décider d'y aller avec un short à effet déchiré plutôt court avec une ceinture en cuir style western et une chemise à carreaux rouge qu'elle noua, histoire qu'on voit son ventre parfaitement plat. Un style un peu vintage, ça ne fait pas de mal. Elle peigna longuement ses cheveux et se maquilla plutôt légèrement, un trait d'eye-liner, du mascara, rien de plus. Elle enfila rapidement ses bottes avant de filer vers l'appartement de Virgil, elle savait exactement où il était, de toute manière. L'air était plutôt frais il faisait bon, Sélène avait mis une veste en cuir qu'elle gardait ouverte.

«Toc, toc, toc. »


Sélène avait doucement tapé contre la porte. Virgil lui cria d'entrer, ce qu'elle fit. Elle tourna doucement la poignée avant d'entrer, le ventre et les jambes à l'air, dans un petit sourire charmeur, avec ses petites fossettes de gamines qu'elle déteste. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle, pas mal l'appart'. Pas mal du tout. Un brin crade. Mais pas mal. Elle referma la porte derrière elle et fit un signe de la main au garçon qui se tenait pas loin d'elle

« Eh bien. Tu m'as demandée. Je suis là. Tu m'offres quelque chose à boire ? Je suis assoiffée. Il fait trop chaud dehors ! »

Elle joint le geste à la parole en agitant sa main devant son visage en souriant. Une bière, des clopes, et un beau garçon. Cette soirée s'annonçait bien.

Hors RP : Alors voilààà. Je te prie de me pardonner de la qualité médiocre de ce RP, j'ai un peu perdu la main en presque huit mois de pause, donc voilà, c'est pas fameux mais c'est un début, MP si des choses te dérangent ou si j'me suis emmêlée les pinceaux ! Wàlà, wàlà. Je m'améliorerait au fil des RP, promis !
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MessageSujet: Re: 'Cause God can't save you from all your sins   'Cause God can't save you from all your sins EmptyDim 16 Fév - 22:29



« I would rather live and let be »




La clope coincé entre les lèvres, Virgil esquisse un fin sourire en voyant Sélène pénétrer dans son appartement. Son regard glisse, en un éclair, sur cette silhouette mise en valeur par quelques habits finement sélectionnés. La longueur de ses jambes soulignées par ce short déchiré, les courbures de ses hanches redessinées par une ceinture de cuir, la chemise nouée attirant l'œil sur son ventre et sa poitrine... indéniablement, la demoiselle sait flatter le regard des hommes. L'attirer et l'envouter. Digne des arts primaire de la luxure. La belle Cléopâtre aurait de quoi être fière de sa benjamine! Mais ce qui fait sourire le guide, c'est davantage l'ironie qui se dégage de cette tenue que sa sensualité. Ce soir, elle était Cow-Girl. Aussi bien dans son style que dans sa profession. Alors ça le fait sourire. Oui, il sourit, du coin des lèvres, la cigarette dodelinant selon leurs mouvements, faisant vibrer sa pointe incandescente. Les bières en main, il s'avance vers la luxurieuse en attrapant son regard dans le sien, bien qu'il soit, par plusieurs fois, tenté de laisser les perles de jais glisser, à nouveau, sur l'épiderme délicat de la jeune femme. Au lieu de cela, il glisse, entre ses doigts, une des deux bouteilles en verre, prenant soin de laisser sa peau rentrer en contact avec celle de la demoiselle, l'effleurant, caressant la paume de sa main, la longueur de ses doigts. Innocent, Virgil? Jamais. Et ce depuis bien longtemps. Peut-on vraiment se prétendre chaste lorsque l'on prend son téléphone pour filer un rencard à une donneuse de plaisir?

Dans tous les cas, s'il y a bien une chose dont Virgil ne manque pas dans son humble demeure de débauche et de crasse, c'est bien d'alcool. Et pourtant, il s'en va toujours boire au pub... étrange. Son index et son pouce viennent chercher le bâtonnet de nicotine, afin de le délivrer, un instant, de sa prison. Simplement le temps de déposer un baiser sur la joue de la demoiselle, à quelques millimètres à peine de la commissure de ses lèvres. Visiblement, le poète est joueur ce soir. "Il y a toujours de quoi boire chez moi. Enfin, sauf pour ceux qui crachent sur l'alcool. Mais dans ce cas, c'est moi qui leur crache dessus en premier". Joueur certes, mais pas plus romantique qu'à l'accoutumée. La pauvre Sélène, si elle recherchait du romantisme dans ce taudis, elle était bien mal tombé. Il met un léger coup de pied dans la porte, cette dernière se refermant avec, tout de même, un peu plus de douceur qu'un peu plus tôt dans la journée. Il profite de passer derrière Sélène pour laisser une seconde son regard glisser dans le creux de son dos, et parcourir ses formes. Un nouveau sourire, discret, et Virgil s'efface dans les méandres de ce qui lui sert de cuisine. "En revanche, j'aurais dû te demander de ramener de quoi bouffer. Mon frigo est vide." L'on entend alors la porte du réfrigérateur se refermer, et quelques placards s'ouvrirent, avant que leurs portes ne claquent elles aussi. "Ah! J'ai bien des gâteaux apéro'. Des trucs à la cacahuète. Je sais pas de quand ça date, mais, y a pas d'odeur. Enfin, pas d'odeur suspecte." Il réapparaît alors, avec sa bière dans une main, dans l'autre un paquet de soufflés à la cacahuète ouvert, et, entre les lèvres, sa cigarette qui se consume au fil de ses respirations. Sans ironie aucune, ce type est clairement un hôte sachant recevoir ses invités.

Passant à nouveau à côté d'elle, il fut lui-même surpris par un élan de taquinerie qui jaillit dans un coin de son crâne. Une envie simple pourtant, qu'il se devait de laisser tomber. Ah, si seulement il n'avait pas eu les mains prissent! Il aurait, avec plaisir, posé sa main sur ce fessier à peine couvert! À défaut, il ne lui adresse qu'un pauvre mouvement de tête, geste accompagné d'un léger clin d'œil, comme une invitation à le suivre dans son salon, ou tout du moins, le suivre dans ce qui lui fait office de salon. "Viens donc, on sera mieux de l'autre côté que là, planté devant la porte."  Un canapé dont les lattes sont d'une fragilité certaine, sa planche posée sur les bouquins, et la télévision sur laquelle demeurait encore le t-shirt qu'il avait balancé en se déshabillant. Tout n'était pas perdu cependant, au Vu des bouteilles ne demandant qu'à être vidé. Vraiment, son appartement avait plus l'aura d'un squat de junkie, que la prestance de la demeure d'un poète de talent. C'est fou comme plus de deux mille ans d'existence, deux mille ans dans cet Enfer, pouvait changer un homme. Le vertueux, le sage, le philosophe, l'auteur... en était venus à boire tous les soirs, se saouler presque tous les soirs, passant un coup de fil à une prostituée pour qu'elle vienne lui offrir les services. Et dire qu'il y a des mecs, des gonzesses, dans des universités, dans des amphithéâtres, qui étudient Les Bucoliques en s'imaginant un pauvre type dans sa toge de soie!

Lançant le paquet de gâteaux apéritifs sur sa table basse de fortune, il se laisse lentement tomber sur son canapé, prenant soin d'éviter le trou qu'il y a à l'extrême gauche de l'assise. S'asseoir dans cette zone critique, c'est prendre le risque de passer au travers du bois et se retrouver le cul par terre. Alors, le mieux pour la jeune Sélène, c'est sans doute d'écouter ce que semble vouloir lui dire la main du poète, qui tapote légèrement le tissu juste à côté de lui. Comme pour lui indiquer ou s'asseoir. Se poser contre lui, éviter de mettre trop d'écart entre eux deux, afin d'être certain de ne pas se retrouver dans une posture ennuyeuse. Parce qu'en plus d'être à moitié cassé, le canapé, il n'est pas très grand. Juste de quoi s'asseoir à trois dessus, mais sans jouer des coudes. Quoi d'étonnant là-dedans? La majeure partie de son salaire passe dans l'alcool, les clopes, et la drogue. Il n'y a alors rien de surprenant de voir son mobilier en si mauvais état. Tranquillement, il porte le goulot de sa bière à ses lèvres. Le liquide glisse en lui, enfin gorgée, une rasade qui vient vider la moitié de la bouteille. Son regard se porte à nouveau sur la luxurieuse. À bien y penser, il y a un endroit où elle pourrait s'asseoir. Sur ses genoux. Là, elle ne risquerait rien. Enfin, rien ne mise à par les mains baladeuse du poète. Oh, pas qu'il soit du genre à sauter sur tout ce qui bouge, non... mais, une fois que l'alcool aura fait son effet, détruit la connexion entre ses neurones, rompus le contact entre son cerveau et son corps, il ne répond plus de rien. "Allez, ramène tes fesses là. Tu vas quand même pas me laisser boire tout seul!" Le voilà alors, qu'en un sourire, il se penche, s'étire, se tord, pour attraper le poignet de la demoiselle sans avoir à bouger de son canapé, et l'attire près de lui.


Sélène, c'est l'énergie de la jeunesse. L'adolescence qui se fond dans l'âge adulte. La plus jeune, mais peut-être bien l'une de mes putes préfé... l'une de mes danseuse favorite. Sa compagnie, en tout point de vue, est agréable. Puis, je prends le risque de passer pour un pédophile en disant ça mais... elle est quand même pas mal foutue.

Sa bière vint tinter contre celle de la demoiselle. Sans doute est-il trop tard pour trinquer, maintenant que la plupart de son contenu ont disparu dans sa soif insatiable, mais qu'importent. Clairement, Virgil n'est pas un bon hôte. Si bien qu'il laisse le silence s'installer quelques instants, pendant qu'il pose sa bouteille désormais vide, pour attraper une des bouteilles de whisky et l'ouvrir. Il en hume le parfum un instant, avant de prendre un verre, et de le remplir par ce liquide ambré. Ses yeux se perdent un instant dans les couleurs de son alcool, et c'est lorsqu'il revient à lui qu'il entame la conversation. Comme-ci son esprit, égaré dans les courbes éphémères de l'ambre, venait de lui revenir. "Il va falloir que l'on se fasse un shooting ma jolie... je me suis rendu compte que je n'ai pas de photo de toi sur mon portable". Est-ce la raison pour laquelle elle est là ce soir? Ouais, peut-être, ça se pourrait bien. Mais si l'affaire venait à prendre une tournure, ça ne serait sûrement pas pour déplaire à ce bon vieux Virgil. Il porte son verre à ses lèvres, les humectant de l'alcool irlandais, à travers quelques gorgées. "Qu'est ce que t'en dis?" Alors qu'il pose son verre, son bras gauche s'enroule autour des hanches de la demoiselle, alors qu'il murmure : "On pourra toujours trouver quoi faire d'autre après. Si t'a des idées, n'hésites pas!" Un dernier clin d'oeil alors qu'il la rapproche un peu plus contre lui... sans aucune arrière-pensée.


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