Tell me a funny fucking story.
[Âmes sensibles s'abstenir.]
- PARLE !
Le coup arrive, le poing fermé semble un instant lui arriver sur la mâchoire au ralenti, les gouttelettes de son sang sur les phalanges semblent vouloir s’extirper pour retourner vers son propriétaire. Un arrêt, et l’impact vient la sonner davantage.
L’humaine aux cicatrices demeure pantelante, attachée sur une chaise.
Elle redresse la tête, détaillant fébrilement la pièce, une énième fois.
Il y fait sombre et humide, et les murs de béton ne dégagent que la froideur caractéristique des caves enfouies sous terre. Une chaise au centre, vissée au sol, munie d’un bracelet de cuir pour la maintenir assise. Devant elle, s’étend une petite table brinquebalante, où son bourreau a disposé ses instruments de torture, tel un peintre qui étale ses pinceaux. Le plic ploc incessant des gouttes d’humidité lui donne de frissons, sa propre sueur s’insinuant perfidement sous ses vêtements, glissant le long de son dos.
Il lui manque quatre ongles, et deux de ses phalanges ont déjà été coupées. Sa joue la lance, couverte d’une marque au fer rouge indiquant le mot « PUTE ». Des dents lui ont été arrachées, une plaie profonde entre les côtes rend sa respiration sifflante.
La fièvre lui fait perdre ses repères, sachant chacune de ses blessures terriblement infectées.
Cela fait des jours qu’elle est là, des semaines. Tantôt attachée, tantôt oubliée pendant plusieurs jours. Parfois, la porte s’ouvrait pour lui balancer un ou deux rats, sur lesquels, affamée, elle sautait, leur rompant le cou avant de leur arracher la peau de plusieurs coups de dents.
Parfois, la porte s’ouvrant, et Domingo, le double gras du bide à la solde de Sept débarquait pour tenter de la faire parler.
Elle n’avait pas pu compter les jours. Aucun rayon de lumière ne filtrait par ici. Mais son regard, acéré, avait relevé tout ce qu’elle avait pu sur le sbire. Une tâche de ketchup. Une poche retroussée, un caleçon différent, une odeur de steack à l’ail, ou parfois de pizza. Tout était bon pour se repérer.
Mais à présent, elle commençait à désespérer.
- S’tu parles pas, j’vais m’occuper d’toi. Salope. C’fait combien d’temps qu’t’as pas baisé ?
Un rire gras, et la brune relève la tête, le regardant derrière ses mèches grasses et filasses.
- Hin hin, vas-y marre-toi. Avec le bide et l’odeur que tu t’paies, tu dois certainement être encore puceau, Dom’. Tiens… Tu sais à quoi il ressemble ton zguilibob ou vous vous êtes jamais dit bonjour, vous deux ? Pas facile avec tes triples bourrelets, hein ?
Il gronde encore, sa façon à lui d’avoir de la répartie, et un autre coup de poing vient la faire gémir de douleur. Elle se penche vers l’avant, retenue par ses liens, et un filet sanguinolent coule de sa bouche, s’écrasant au sol.
L’homme s’empresse alors de défaire ses liens, la voyant sonnée. Les boucles de ses pieds et ses mains sautent, et la criminelle est à sa merci.
- T’vas voir c’que j’vais t’mettre… Espèce de pute…
Il agrippe ses hanches et tire sur le pantalon miteux de Cataleya, l’en délestant avec rage. Son sous-vêtement ne résiste pas plus, et très vite, la voilà les fesses nues. Il tire ses hanches vers lui, sans se soucier de la boucle de cuir qui retient encore son cou. Elle pousse un étranglement, sa gorge écrasée.
Mais Domingo n’en tient pas compte. Excité, il baisse sa braguette, libérant l’abjecte chose tendue destinée à la pourfendre. Il crache dans sa main crasse, la frotte entre les jambes de sa victime, et ni une ni deux, s’insinue au plus profond d’elle.
Dans sa passion, l’homme la tire vers lui, brutal, la blessant en dehors et en dedans.
Pourtant, elle n’a que faire de ce qui remue entre ses cuisses. Ses doigts lui griffent le cou, cherchant à défaire la boucle, par tous les moyens.
Vite.
Elle étouffe.
Elle sent le sang lui monter au crâne, sa langue sortir de sa bouche tandis qu’elle agonise.
Un énième coup vient lui éclater le nez tandis qu’entre les râles de plaisir, le bibendum crache :
- Ferme-la, putain !
Le blanc de ses yeux rougis, puis les globes oculaires se révulsent. Ses doigts mutilés abandonnent toute lutte.
Et lorsque le bourreau en a fini avec elle… Elle demeure inerte et gisante, se refroidissant comme un vieux morceau de viande sous la neige.
Elle rouvre soudainement les yeux, se redressant en aspirant l’air à grande goulées, un air chaud qui irrite sa gorge. Elle toussote, et se relève, cherchant un repère du regard.
Un vieillard lui fait face, avec un léger sourire, lui tendant un godet.
- Ah, putain… J’ai trop soif.
Elle s’en saisit, et regarde au fond, avant d’afficher une grimace, et de le jeter par-dessus son épaule.
- De la flotte ? Putain, m’a prise pour une alcoolique anonyme...
Elle promène les yeux autour d’elle, pose ses mains sur les hanches, et marmonne dans sa langue natale :
- What the hell am I doing here… ?