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 Good kiss of Amsterdam

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Virgil Virgil
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MessageSujet: Good kiss of Amsterdam    Good kiss of Amsterdam  EmptyMar 9 Sep - 22:33



« I want to clear my mind... with your drugs! »



Le silence est religieux en ces heures de la nuit. Douce ironie dans cette empire de vice et de damnation. Religieux silence, nuit aux nuances de noir profond, où nulle vie ne semble demeurer bien longtemps. La nuit, entrailles d'une bête dévorant les âmes déjà punis par une vie d'éternité. La nuit, Bête dévorant le soleil, plongeant les trois mondes dans les ténèbres. Le Paradis. La Terre. L'Enfer. Et les Seigneurs, dépouillés de leurs pouvoirs le temps de Son règne, se terre dans leurs demeures. Et seul demeurent les fous, les insensés, les aliénés, titubent et vagabondent encore dans les ombres, au cours de ces heures si noires, à la recherche du néant sans doute. En deux millénaire, Virgil avait perdu toute notion de bon-sens. Sa raison comme s'effaçant de son esprit à chaque litre de whisky bus. Sa raison comme s’effaçant de son esprit à chaque femme consommées. Sa raison, effacée, depuis des années, et des décennies, et des siècles. Ainsi le Conteur marche, sans crainte apparente dans le regard, déambule en roi solitaire faisant de ces ombres ses sujets. Le Conteur marche à la lumière de son briquet, faisant de flammèche sa lanterne dans les ténèbres. Sans elle, il serait aveugle. Autant que le vieux Minos. Car plus que nulle part ailleurs, dans les quartiers de la Paresse, la pénombre était étouffante. Heureux était-il alors de ne pas avoir grand chemin à parcourir pour rejoindre l'objet de son voyage au cœur de la nuit. Heureux était-il alors d'avoir fait ce chemin encore, et encore, et encore. Les ruines se dévoilaient face à la flamme, portant leurs plus effrayant costume. Désert. Le quartier semblait être désert de désolation. Des bâtisses, encore et toujours à l'abandon, desquelles résonnait par instant les râles gutturaux des junkies endormies, ou en proie à quelques mauvais voyages de l'esprit. Tout était poussiéreux, tout était délabré. Tout était sale. Dirty. Le Dirty. Le plaisantin ayant inscrit ces cinq lettres sur cette porte crasseuse et branlante pensait-il, qu'un jour venant, la dite inscription deviendrait le nom de cet établissement plus corrosif de ce que l'on peut dénicher entre ses murs ? La lumière du petit feu souligne l'inscription, sans tirer la moindre émotion sur le visage du conteur. Son visage était un marbre sans sourire. Pas même ironique. Car il n'était pas sans savoir que le plus difficile n'était pas de traverser le quartier de Caliban sans lumière. Il s'agissait bel et bien de réveiller le dit Caliban. De le tirer de son canapé. De lui faire bouger le cul.

Alors le Conteur ne toque pas. Il frappe de son poing la porte qui tremble et manque de tomber sous les coups. Le bruit, véritable capharnaüm, se répands dans les rues morbides adjacentes. Trois fois son poing s'écrase contre le bois fatigué. Nulle réponse. Les secondes suivantes n'apportent pas la moindre réponse. Le Conteur soupire, le Conteur ferme les yeux. Et lève le poing. Et frappe à nouveau, trois fois. Bam. Bam. Bam. Et seul lui réponds le silence cynique de la nuit. Ses lèvres jurent en un murmure. Le juron disparaît dans la nuit, s'évapore. Tandis que son cri, lui, déchire la nuit, sa voix portant à travers tout le quartier : « CALIBAN ! ». Et lorsque l'écho de sa voix se fane à son tour, il porte son pouce, et son index, à ses lèvres, les pose sous sa langue. Et siffle. Un long sifflement, aigu, à en réveiller les morts. Dieu même en aurait grincé des dents. Mais à nouveau, seul lui réponds le silence. Pourtant, l'instinct lui soufflait dans la nuit, au creux de son oreille, que l'albinos avait entendu son appel. Que ses yeux s'étaient ouvert en entendant les coups dans la porte, le cri de son nom, et le sifflement qui suivit. Mais que, sachant la raison de la présence de Virgil, il ne prenait, et ne prendrait pas, la peine de venir lui ouvrir. Oui, c'était du Caliban tout craché. Rien ne le tirerait de sa léthargie. Ou tout du moins, bien peu de chose.

Mais si Caliban croquait à pleine dent dans le fruit de la Paresse, le Conteur, lui, n'était pas sans résister à l'appel des pommes de l'Envie. Car, il a du Wilde dans les veines, et lui aussi, peut résister à tout, mise à part à la tentation. Était-ce pour cela qu'il hantait les draps de Eve ces derniers temps. En partie, certainement. Mais quelle délicieuse tentation que celle-ci !

Sa main se pose sur la porte, et il la pousse. Il la pousse et pénètre dans ce que les damnés nommait ici-bas le Bar à Opium. La vérité étant que, bien plus que de l'Opium, l'on pouvait trouver, dans les réserves de Sir Paresse, bien plus que de l'Opium. De quoi retourner la tête d'un millier d'homme durant plusieurs siècles. La porte, en un grincement, se refermait derrière lui. A nouveau, les ténèbres. Une flamme jaillit de son zippo. Disséminé de part et d'autre de la boutique, il déniche quelques bougies dont il vient faire brûler la mèche, fondre la cire. Et c'est à leurs lumières qu'il commence à fouiller dans les réserves et les étagères de Caliban.

Car si cri et sifflement ne le réveillerait pas.
Un voleur, peut-être, le ferait bouger.


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Caliban Caliban
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MessageSujet: Re: Good kiss of Amsterdam    Good kiss of Amsterdam  EmptyLun 15 Sep - 11:22








Dans le quartier, c'est le calme plat. Pas âme qui circule. Un voile épais se dissipe dans les rues , envahit les maisons, plongeant le quartier cinq dans une mer vaseuse. Silencieux, incolore, rapide. A chaque coin de maison, il s’immisce dans une autre artère. Il se faufile sous les portes, dans les trous des planches moisies, dans l'interstice des fenêtres miteuses. Il rampe sur le sol crasseux du « Home Sweet Home » de tout à chacun avec nonchalance. Une seule provenance, le chef lieu de ce regroupement de larves : le « Dirty ». Littéralement avachis sur le canapé, la tête en bas et une jambe sur le dossier du canapé, je me laissais aller à mon activité favorite, avant d'aller flirter passionnément avec Morphée. Je sais que ça revenait bêtement et simplement à violer l'intimité de mon glorieux harem de paresseux. Et vous voulez qu'vous dise un truc ? J'm'en fout comme de l'an quarante. Ici, c'est chez moi. Les lettres de noblesses accordées par le grand Lucifer, je les chéries du plus profond de mes tripes. Comme les Autres de ma caste. Alors oui, de temps en temps, je m’octroie quelques droits lorsque l'Ennui pointe le bout de son nez. Ne voyez pas ça comme de la violation de domicile si cela vous dérange. Regardez ça plutôt comme... Une inspection surprise. Histoire de voir si tout se passe bien. Oui, je suis un boss gentil et attentionné. Je sais, je ne devrais pas en faire de trop non plus. Mais en outre la volonté de tout savoir sur mon quartier, j'aime à découvrir ce qu'il se passe au-delà des cloisons derrière lesquelles ils se cachent. L'espèce qui fût un jour humaine n'est pour moi qu'un moyen de satisfaire ma curiosité. Ni plus, ni moins.
Et donc, ce soir, je m'offre une dernière ligne d'inspection, scrutant la moindre activité physique, à l'affût d'une quelconque poussée de chaleur. C'est toujours la même volonté de savoir, de connaître. La même qu'hier. Qu'avant-hier. Et je ne cesse d'être surprit par le genre humain. Chaque jour est une nouvelle découverte aussi intrigante qu'enrichissante. Regardez par exemple ce couple qui s'engueule parce que môssieur est rentré avec quelques secondes de retard. Enfin. Couple. C'est vite dit ; ils ne font que vivre sous le même toit. Vous me direz, c'est déjà pas mal. Supporter une nana là-haut relève déjà de l'exploit olympique, mais alors, après la mort, je vous dis pas l'award.
Excepté ce petit élan passionnel, y a rien de bien intéressant. Tout le monde dort du sommeil du Juste. Même entre les murs du « Dirty », on entend plus un râle...

C'est donc tout naturellement que je me laisse plonger délicatement dans la même torpeur que les autres. Doucement, mon corps devient lourd, mes paupières se ferment et avant même de relâcher ma pipe au dessus de la table jonchée de divers papiers, je me jette à corps perdu dans le lit de ma tendre aimée. Là, je la retrouve. Elle est posée sur son lit immaculé aux draps de soie, elle n'attend que moi pour égayer sa nuit. Notre nuit. Ce rendez-vous que je ne manque jamais et auquel il m'arrive d'être plus que ponctuel. Dans ses bras tendres, je suis si bien. Sa douce chaleur m'enveloppe dans un état léthargique que je n’envierais à aucun cadavre, à aucun camé. Sa main fine m'apaise ; un peu comme lorsque Kareen vient passer ses après-midi dans mon château. Je suis sûr que j'en soupire de bonheur. C'est si bon après tout. Et rien, oui, absolument rien ne pouvait me sortir de cet énième sommeil. Pas même Lucifer en personne. La partie de moi qui était resté à errer en Enfer s'épaississait au fur et à mesure que je plongeais dans les entrailles du sommeil, si bien que plus personne n'y voyait plus rien.
Je l'avais bien perçu, l'autre Chieur avec son briquet, avançant à tâtons dans les rues. Mais vous croyez sincèrement que j'en ai eu quelque chose à foutre qu'il marche dans les rues brumeuses ? Et qu'il m'appelle ? Encore une fois, c'était probablement pour se plaindre, qu'il fallait que j'arrête d'embrumer tout le monde avec mes conneries. Encore. C'est pour ça que je n'ai pas prêté attention à son tambourinement et encore moins à son appel similaire à un pigeon enroué. J'étais trop bien lové contre le corps charnue de ma Déesse.

C'est alors que j'entends un bruit de verre. Très désagréable et pas commun. Un truc que d'ordinaire personne ne touche. Je pousse un autre soupire, sachant que Macbeth allait, lui, se réveiller et aller voir quel insecte s'était introduit ici-bas. Je change de position, mon corps embrassant le dossier du canapé, retrouvant enfin une position un peu plus normale. Et je resombre dans mon idylle. J'entends encore le bruit, mais de plus en plus léger... C'est infime. C'est terminé. Jusqu'à ce qu'un certain petit animal me pince l'oreille de son bec minuscule. Mais je vous prie de croire que plus c'est petit, et plus ça vous niaque fort. D'un bond je me lève en me tenant l'oreille en grognant un sourd « Carabia... ». Pour le réveil, j'avais espérer mieux. Je fixe l'oiseau qui avait eu l'audace de me tirer de ma chimère ; lui, voletait près de la porte, comme si il voulait sortir. « Tu vois pas que c'est ouvert... ? » lui dis-je en lui montrant la baie vitrée sale et grande ouverte. Mais rien n'y fait, c'est par la porte qu'il veut sortir... C'est alors avec beaucoup de volonté que je me lève, la vue soumise à de nombreuses étoiles, que je le pousse d'une main pour ouvrir ladite porte. Et que j'entends de nouveau le bruit de verre qui s'entrechoque. Avec toute la discrétion dont je suis capable, mes orteils effleurent le parquets des couloirs, et caressent les vielles marches des escaliers. Et je Le vois. « Dit donc Virgil, elle est pas bien ma déco? ».


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MessageSujet: Re: Good kiss of Amsterdam    Good kiss of Amsterdam  EmptyDim 21 Sep - 0:16



« Disturb the silence »



Les flammèches vacillent dans les ténèbres, bousculé par la brise infiltrant les murs délabrés, par les fissures, les trous, la porte branlante. Elles vacillent, entrainant les ombres en une danse nocturne, une danse angoissante. Le Dirty craquait. Plancher, escalier, mur, toit, meuble. Tout en un équilibre précaire, un château de carte, un château d'ordure prêt à s'effondrer à tout instant, prêt à s'enflammer à un mouvement trop ample des bougies. Les tiroirs résistent, puis cèdent en un grincement à réveiller les morts et les damnés. Les placard couinent en tournant sur leurs gonds. Les pipes à opium, les bocaux, et autres merdes du genre se fracassent au sol. Et pas une trace d'herbe à se mettre sous la dent. Rien à s'injecter dans les veines. Pas de rayon de soleil à s'envoyer dans cette nuit plus si calme que cela. « Je m'en branle pas mal de ta décoration moi, t'a vu la gueule de mon appartement? ». Caliban était un fantôme. Un spectre marchant dans la nuit. Blanc comme la mort. Silencieux comme la mort. Un fantôme se mouvant sans un bruit, sous le jour, comme sous la lune. Un putain de fantôme. Une saloperie de spectre. Avec ce dont pour la surprise, quand il vous glisse dans le dos, et murmure plus qu'il ne parle, en une haleine glacial hérissant les cheveux de la nuque. Mais un fantôme est bien moins effrayant, lorsque l'on partage de l'opium avec lui. Et ce depuis plusieurs siècles d'ailleurs. « Les bouteilles de bières vides à la place de tes pipes et autres artifices de junkie, des boites de pizza à la place des couchettes pour tes clients, et le tanga, le string, ou le soutif d'une gonzesse pendu au lustre... et ça serait comme chez moi ». Il renifle, pourtant, il ne s'est encore rien envoyé dans les narines. Prenant appuis sur l'un des meubles, il se soulève et s'assit sur le rebord, sans craindre un effondrement surprise. Il relève la tête vers Caliban, captant avec difficulté, dans les ombres, le rouge vermeil de ses yeux. Putain d'albinos, ça fait vraiment chelou de soutenir un regard de la sorte. Mais c'est peut-être tout aussi difficile de retenir le sien, de regard, ces deux billes de jais veinais de carmin. Comme un regard de diable qu'ils se partageaient.

Un bâillement vient étirer sa mâchoire, comme la léthargie et le sommeil le prenait maintenant, après qu'il ait traversé le quartier dans le noir avec pour seul but de s'envoyer quelques tubes magiques dans les poumons avec ce bon vieux Roi de la Paresse. Virgil, il ne met pas la main devant la bouche. Parce qu'il est pas poli. Et aussi qu'il s'en fout. Un peu. Il avait entendu dire qu'il fallait le faire pour éviter qu'un fantôme mette sa bite dans ta bouche. De ce côté là, il était tranquille. Le seul fantôme, c'était Caliban. Et de bite... de phallus comme l'on devrait dire, c'est pas prouvé qu'il en ai. En tout cas, il avait jamais eu de retour quant aux exploits de junkie au plumard. Pourtant, il en savait un bon nombre sur les exploits des types les plus connus du coin. C'était un des avantages à côtoyer les putes des quartiers de Cléopâtre, ça donnait de bonne matière à rire. Mais effectivement, il n'avait jamais entendu parlé de Cal'... sans doute trop flemmard. M'enfin. « J'ai une putain d'envie de m'envoyer un truc. Genre tranquille dans un coin, et laisser mon esprit s'envoler. Mais j'ai plus rien à l'appart', c'est la mort. » Il saute du meuble, et s'approche de Caliban. Ses pas sont lourds, marchant vers l'escalier menant au bureau de Sir Procrastination. « Cannabis, Héroïne, Opium, Meth', je sais pas ce qui se fait de mieux en ce moment, c'est toi l'expert, mais il me le faut. » Une marche en dessous de laquelle était Caliban, il lève la tête vers les noirceurs régnant dans les quartiers privés de l'albinos. Posant sa main sur son épaule, il l'écarte légèrement de son passage pour gravir le restant des marches. Et mettre le pied dans un territoire qui n'était pas sien. Partout, régnait une odeur de débauche. Mais ce n'était ni l'alcool qui était l'essence de ce parfum. Ni même le sexe. Mais quelque chose de tout aussi alléchant à l'esprit du Conteur.

Comme partout ailleurs dans le Dirty, c'était sale et en mauvaise état. Un bordel ambiant dans lequel il était impossible de retrouver quelque chose. Sérieusement, si un jour quelqu'un voulait lui piquer quelque chose au Caliban, il lui faudrait deux bonnes journées pour trouver ce qu'il désirait dans tout ce merdier. Un soupir vint franchir les lèvres du Conteur, alors qu'il se laissait tomber sur le canapé où dormait son acolyte quelques minutes avant qu'il ne vienne troubler sa nuit tranquille. Habillement, il fait voler ses Doc Marteens à travers la pièce, s'écrasant contre le mur d'en face. Il prends possession des lieux, et sa tête tombant en arrière, il demande : « Alors, qu'est-ce que tu me proposes vieux? »


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MessageSujet: Re: Good kiss of Amsterdam    Good kiss of Amsterdam  EmptyMar 7 Oct - 18:42


and good kiss of Amsterdam dude


Virgil, c'est le genre de mec que t'as envie d'avoir juste en photo. Dans un cadre. Sur une étagère poussiéreuse. Dans un couloir que tu ne traverse pas souvent. Mais c'est certainement pas le type que tu aimerais sur ton sofa. Les raisons sont simples, et multiples mais celle qui le refléterait au mieux serait qu'il est pire qu'un parasite. Il s'accroche dans les tissus, il se faufile entre les lattes, et vous pourri la journée en moins de temps qu'il ne faut à Chronos pour passer la seconde. Des fois, je me demande comment j'ai pu faire pour lui accorder le droit de loger sur mon domaine. Ah oui. C'est vrai. Je me rappelle. J'avais eu un jour la stupidité de l'accueillir pour la première fois. C'était il y a... Il y a... C'est dingue... j'arrive pas à m'en souvenir... M'enfin, c'était il y a quelques siècles à vrai dire. Et pas les quelques siècles qu'on peut compter sur les doigts d'une main. Non non. C'était il y a un bon moment. Le pauvre bichon cherchait un endroit où crécher sans avoir à s'inquiéter de son proprio. Il me semble même qu'il venait de se faire virer de chez Ève; comme d'habitude j'ai envie de dire. Et donc, comme d'habitude, il débarquait chez moi. Et vous savez quoi ? Entendre ses complaintes sur la Mama, ça tiendrais n'importe quel paresseux éveillé. Il parlait, encore et encore, et lorsqu'il en était arrivé au sujet fatal du « point d'ancrage», que je commençais sérieusement à aller rejoindre ma concubine, et que j'en avais en somme un peu rien à foutre, j'avais bêtement hoché la tête. Oui. bêtement. Parce qu'il était maintenant dans mon quartier. Et qu'il allait et venait comme dans un moulin. C'est le genre de type qui me fatigue, avec cette fâcheuse tendance de se sentir à l'aise partout où il allait. Mais bon, j'l'aime bien quand même, quand il a son cerveau qui se délecte de ma vénérée fumée. Et puis ce n'est pas comme si je pouvais lui dire « non» avec toute la délicatesse dont j'étais capable. Parce le jour de la distribution de la Délicatesse, j'étais probablement vautré dans un coin de la salle.

Planqué dans le noir, mes yeux se distinguent à peine dans la pénombre. N'importe qui aurait pu croire que j'étais le nouveau gardien spectral de ce bouge. Mon apparition aurait même tiré quelques cris aigües de surprise à quelques âmes sensibles. Mais pas Virgil. Parce que Virgil, c'est Sauron. C'est l'œil qui voit tout, et le bagou qui te rappelle à l'ordre. C'est aussi mon soupire discret qui se fraie un chemin hors de mon corps. Parce qu'au final, je sais très bien pourquoi il a ramené ses miches ici, en pleine nuit, et qu'il s'amuse à foutre le bordel dans mes arrangements. Les bras croisés sur le torse, je le fixe du regard. Et je me surprend -encore- à m'extasier devant le fait que les yeux sont exactement le miroir de l'âme. Tout se lisait dans son regard. Ses yeux fatigués trahissaient son désir ardent. Franchement, il pourrait savourer ça dans les règles de l'art... « C'est étrange, je ne suis même plus étonné.».. Avec Virgil, on se complémente au moins là-dessus. Le bordel règne dans les deux camps, et la Feignardise l'emportait toujours sur la mince Volonté qui nous animait. Cependant, de là à laisser des matières périssables, c'est impensable... « Prend toi une bonne pour nettoyer tes conneries. Avec toutes les nanas que tu ramènes dans ton taudis, il doit bien en avoir une qui se porterait volontaire pour nettoyer ce petit nid douillet. Pour son tendre Virgil... A moins que tes contrôles d'identités durent trop longtemps.... Regarde ma Kareen, elle fait du bénévolat ici.».. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un queutard invétéré. Il ne s'en cache pas le moins du monde, toujours prêt à planter Excalibur dans n'importe quel rocher. A force, ça en devenait pénible pour mon psychisme lors de mes inspections. Pas que je sois en panne de ce côté là, bien au contraire. Mais un peu de discrétion quoi... Et le voir se mouvoir avec autant de gonzesse... Rien que d'y penser, j'en ai des nausées...
Oui, je sais. Pas la peine de me le rappeler: j'étais très mal placé pour dire quelque chose à propos de la propreté, de l'hygiène de vie de base, et surtout, de l'odeur. Mais que voulez-vous, il fut un temps, c'était mon rôle de veiller au rangement des cabanons, aussi incroyable que cela puisse paraître. Mais je crois que l'odeur, est ce qui motive le plus à ranger; du moins c'est ce que j'ai remarqué depuis l'arrivée de mon fidèle et loyal destrier bras droit. Mais ce qui règne au Dirty vaut toutes les odeurs les plus entêtantes du monde: parfum, encens, cuisine. La marchandise qui trône fièrement dans les coupoles en inox a beau être coupée, coupée, et recoupée, elle n'en possédait pas moins un arôme unique dans les Enfers. Certes, le niveau de qualité n'était pas ce qu'il se faisait de meilleur, mais au moins, c'était quelque chose de disponible à bas prix, et surtout à volonté. « Virgil, mon pauvre Conteur... Je sais très bien pourquoi t'as ramené ta tronche ici. Je me doute bien que t'es pas venu pour satisfaire mon corps d'Apollon, et encore moins refaire mon intérieur.». Ça aurait été hypocrite. Ça aurait été mentir. Bref, tout le contraire de cet autre maniaque qui ne manifestait aucune peur quand à la précarité de son environnement; quand je vous disais qu'il se foutait de tout.

Un franc sourire parcours mon visage tandis que je le suis paresseusement, les pieds à quelques mètres du sol. Ouais, ici bas, c'est moi l'expert. « Je sais que c'est dégueulasse ici, mais rien que de penser que c'est toi qui rajoute de la merde me fait chier. Je veux bien te fournir mais tu paieras le prix double: en plus de l'arrangement habituel, tu nettoieras ta merde. Et si tu le fait pas, je te promet une belle remise la prochaine fois...» dis-je, alors qu'il foule de ses grolles immondes le parquet que ma demie-sœur avait ciré le matin même. Le voilà qui fait comme chez lui, j'en ai ma langue qui claque discrètement sur mon palais. Tandis que je me pose en travers du fauteuil qui fait face au canapé, les jambes sur l'un des accoudoirs, le dos sur l'autre, un fin nuage de fumée d'un bleu cobalt se fraie un chemin jusque dans ma réserve personnelle. Une boite se pose soudain sur mes genoux, s'ouvrant d'elle-même et remplissant ma pipe d'ivoire de ce que j'avais reçu dernièrement. « Dit donc... On est déjà fatigué Virgil ?», ah! l'ironie, membre inconditionnel de mon cercle très prisé d'Amis. Le filet se dédouble une nouvelle fois, portant à mon camarade sa pipe en verre. Car oui, chacune des personnalités qui viennent me rendre visite personnellement, a droit à sa pipe de verre unique aux Enfers. « Je te propose ceci. Je viens juste de recevoir cette marchandise. Je ne sais pas où est passé mon testeur... Probablement en train de faire une énième thérapie... Enfin... Il parait que les effets sont quelque peu... Très satisfaisant. Et j'attendais une occasion particulière pour le goûter. υγειά σου, υιργιλ !*» dis-je en portant le bec à mes lèvres et en fermant les yeux.

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MessageSujet: Re: Good kiss of Amsterdam    Good kiss of Amsterdam  EmptyLun 13 Oct - 22:20



« Blue Cloud »



Tout était sombre. La nuit, la pénurie d'électricité, le manque de lumière... Il n'y avait que les flammes des bougies pour mettre un peu de jour dans l'étouffante obscurité. Et le Dirty avait une allure des plus fantomatiques, comme un lieu de damnation qui ne manquerait certainement pas d'effrayer les Hommes par quelques légendes de spectre et de revenant. Lieu de damnation, la boutique de Caliban l'était en quelques sortes. Mais le seul fantôme qu'il pouvait bien y avoir entre ses murs délabrés, à la solidité précaire, c'était le maître des opiums, le Clair-peau, ce petit prince de la drogue qui flirte avec ses blanches-neiges, sans manquer de faire tourner le cul de ses bien-aimés pour quelques pièces. Une tournante de psychotrope, affalé dans un canapé, entouré de fumée et enivré par le parfum des substances, illicite seulement dans l'autre monde, le monde des vivants. Un bâillement quittait les lèvres du Conteur, un bâillement des moins discrets, alors que le junkie jouait de ses pouvoirs, de ses talents, pour préparer de quoi faire planer les esprits sans avoir à bouger son cul. C'était... amusant de le voir jouer ainsi. Intriguant. Captivant. Badant... ouais, badant. Le voir jouer ainsi, c'était une promesse de s'envoler, haut, bien haut, très haut, avant même d'avoir poser le bec de la pipe sur nos putains de lèvres. Virgil la voyait, cette fumée, caresser, s'enrouler, autour des pipes, et les déposer dans les mains de Caliban. Et l'observant manier son produit, la drogue et pas autre chose, comme il le faisait depuis tant de siècle, il songeait aux paroles du propriétaire des lieux. Prendre une bonne ? L'idée lui tournait dans la tête. Mais il lui semblait voir un hic dans tout ça. « Faire d'une putain une boniche, dans l'idée, c'est pas con. Mais ça serait lui donner trop d'importance au sein de mon domaine. Imagines qu'elle s'imagine quelque chose, qu'elle se perde dans un délire, et qu'elle débarque un jour chez moi avec ses affaires... Non, ça serait la merde. Les putains, je préfère me contenter de les sauter. Au moins, elles savent à quoi s'en tenir. Ce qu'il faudrait, ça serait une gonzesse que je n'ai pas possédé justement... » Ou alors tout simplement de devenir un temps soit plus sérieux ? De se mettre soi-même au ménage ? D'arrêter de courir les jupons ? Ou alors de se poser un peu.. ? Hors de question ! Il n'y avait qu'une raison pour laquelle le Virgil serait peut-être susceptible d'arrêter ce genre de connerie. Et cette raison, elle était rousse. « Mais ta Kareen chérie... elle est à mi-temps ici non ? Tu penses qu'elle serait intéressé pour jouer les bonnes dans un autre appartement que le tien ? ». Après tout, elle était la candidate idéale... il se connaissait, mais il ne lui était pas passé dessus. Ou en tout cas, il n'en avait pas souvenir...

La fumée se dédoublait, en deux tentacules bleuâtre. L'une venait déposer, entre les doigts du conteur, cette pipe de verre qui était sienne. Des pipes ouais. Pour fumer, pas les autres. Il y avait, chez Caliban, un certain charme, un certain goût, de l'ancien. Quelque chose de british. Il fallait sans doute mieux que lui garde ce goût-là que Virgil garde, lui, un certain goût de la Latinité. Ces conneries de toges, ces conneries de couronnes, ces conneries de sandales à la con. Les hommes étaient, vestimentairement parlant, bien mieux vernis au 21ème siècle, sans le moindre doute. Et puis, Caliban avec ces pipes, il avait la classe. Virgil en toge, il avait l'air con. « Sérieusement, tu devrais pas t'emmerder avec ces merdeux de testeur qui sont pas foutus de tenir le coup. Appelle-moi quand t'a une nouvelle cam', je ramène des pizzas, et on teste ça ensemble, hermano ! » Portant la pipe à ses lèvres, le poète déchus inspira cet éther dont il ne connaissait ni le nom, ni la provenance. Folie certains diront, mais lui n'avait que de la confiance quand il s'agissait de Caliban. Sur Terre comme au Ciel, personne pouvait trouver meilleur fournisseur que ce satanée flemmard. Et puis, si il avait voulus l'empoisonner, il aurait pu le faire depuis bien longtemps maintenant. Alors à quoi bon se méfier ? Qui plus est... les déjà-morts ne pouvait pas mourir à nouveau. Il expira quelques nuages de fumée, après que ses poumons aient capturé toutes essences délirantes, nuages bleutés s'élevant vers le plafond craquelé du Dirty. « Si t'a peur d'avoir trop de testostérone en même temps dans une même pièce, je peux même te ramener des filles si tu veux. Je t'enverrais même des photos pour que tu puisses faire ton choix... mais sérieux, arrête de t'emmerder avec des bons à rien, surtout quand t'a un expert à porté de main. » Un sourire vint sur ses lèvres, alors qu'il inspirait à nouveau. Un sourire qui ne fit que s'agrandir, alors que sa tête retombait en arrière.

Tout était donc partis d'une envie. Une envie de se détruire un peu plus l'esprit. Une envie devenant besoin. Tout commença avec une entrée par effraction, continué dans une fumée à l'odeur douteuse, et se prolongé généralement dans des discussions à la base commune et innocente, pour devenir, au fil des inspirations, au fil des mots, au fil des secondes, une véritable institution du non-sens. Une institution dont ils étaient les seuls à comprendre les ficelles. Une institution dont le langage n'était compris que par les oreilles de l'autre. Une institution que seul des esprits aux ailes Icariennes boosté à la drogue pouvait comprendre. Ils parlaient de tout, mais surtout de rien. Et le rien devenait n'importe quoi, autant dans le fond que dans la forme. Comme un langage secret que l'on pourrait utiliser en temps de guerre pour empêcher l'espion ennemi de comprendre les manœuvres et les stratégies. On peut dire ce qu'on veut de la drogue... mais on ne peut pas nier quelques aspects pratiques qu'elle pouvait revêtir. « C'est pas mauvais ton truc... comme d'hab' en fait. Putain ça balance un peu de sunshine dans les veines, ça fait du bien dans ce maudit monde à la con. Je me suis toujours demandé comment t'arriver à te procurer tes bonasses... » Virgil retirait un instant le bec de la pipe d'entre ses lèvres, toujours sans mauvais jeu de mot et pensées douteuses. Il sentait son esprit décoller, son corps devenir plus léger. Comme avec le whisky, mais le caractère grognon et bagarreur en moins. Juste l'envie de rire du monde, et de parler. « Tu te fais livrer ou tu cultives? Quoique tu serais bien trop flemmard pour foutre les mains là-dedans toi. Peut-être que si tu demandes à l'autre rouquin qui te sert de larbin. Ou a ta Kareen tiens! » Un rire vient alors prendre ses lèvres, franc et incontrôlable, un rire dont il ne pouvait véritablement s'expliquer lui-même l'origine. Il eut besoin de quelques secondes pour revenir à lui-même. Ou en tout cas, contenir ce rire. Son âme le quittait, et tout lui paraissait ironique. Une façon nouvelle de voir le monde. « N'empêche que si c'est eux qui tape la culture, je leur pire mon château... Je serais pas foutus de faire pousser une putain de salade moi.... » Sa langue commençait à fourcher. A se méprendre dans les mots...

Et ça, c'était plutôt bon signe!

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MessageSujet: Re: Good kiss of Amsterdam    Good kiss of Amsterdam  EmptyJeu 12 Fév - 17:44


and good kiss of Amsterdam dude


Du monde vivant, je ne connais rien. J'ai vécu toute ma vie durant sur une pauvre île de méditerranée. Je n'ai pu à peine toucher du doigt une partie de ce que vous autres, hommes, appelez une société stable et hiérarchisée. Et du peu que j'en ai vu, ce n'était pas ce qu'on pouvait nommer "Extase". Cet état même dans lequel je suis plongé depuis j'ai passé le pied de l'Autre Côté. Cet état languissant dans lequel drogue et chair pouvaient me délecter d'une accalmie non désirée. Cependant, j'avouerais que parfois, c'est quelque chose qui me pose grandement problème. Les hommes ont ce besoin vital d'appartenir à des castes, à des domaines, qui les enchaînent alors dans une existence morne, sans saveur. Ce Destin, comme ils l'appellent, ils lui obéissent. Jamais, oh grand jamais, ils n'osent s'écarter de cette voie qui se veut sûre et rassurante. Si ils savaient. Oh ! Si seulement ils savaient à quoi tout cela tient... Ils en seraient perdu à jamais ces petits rats. J'en ricane de tant de croyance aveugle. C'est drôle. Vraiment très drôle. Mais le pire, c'est que certaines âmes, baignés par cette habitude journalière, continuent inconsciemment ce qu'ils faisaient Là-Haut. Et lorsqu'ils viennent en mon domaine, ils se complaisent à crier au scandale, à hurler combien je suis inconscient de laisser drogues mal coupées et seringues sales à la portée de tous. Comme si elles n'avaient rien d'autre à faire. Comme si l'éthique vivante avait encore sa place dans ce monde perdu. Comme si cela pouvait amener à mourir...


Mais au jour d'aujourd'hui, je suis là. De nouveau affalé sur ma première plus belle acquisition. Un merveilleux fauteuil brun, le cuir usé en moult endroit d'avoir été au contact de vêtements et autres peaux humaines. Comme à mon habitude, je suis entouré de cette fumée bleutée rassurante, enivrante, opaque. De multiples filaments s'activent pour remplir avec délicatesse les deux pipes qui allaient nous envoyer vers d'autres cieux. Cette nouvelle drogue, je viens tout juste de la recevoir. Envoyée par notre maître vénéré, je me devais, comme tout bon expert, d'en définir les effets selon les doses. Un énième bâillement émerge du côté du canapé. « Et alors Virgil, on commence déjà à rendre les armes ? Tu sais à quel point c'est un bruit que j'aime entendre mais je te pensais tout de même un peu plus vaillant. Oser venir me réveiller à cette heure et bailler, je vais finir par me vexer...». Oui. J'aime le provoquer. Pas uniquement parce que cela fait des années, des siècles que l'on s'envoit des tas de trucs dans les poumons, mais parce qu'entre nous, c'est ce genre de relation que les plus masochistes appellent le "Je t'aime, moi non plus". Le cul en moins. Cela va s'en dire. Il traîne à poil partout. Saute tout ce qui bouge et qui possède deux attributs mammaires généreux; ce qui n'est pas ce qui manque en Enfer. J'ai pas envie qu'un truc inconnu s'immisce en moi contre ma volonté et mon analyse... Approfondie. « Y a t'il seulement une femme à qui tu n'as pas ouvert les cuisses pour y faire rentrer ta bite dégueulasse... ?». Comment ont en étaient venu à parler de ça déjà ? Ah oui. La porcherie qui servait de maison au Conteur. A côté, je suis novice. Merci ma Belle Kareen.
Et en cet instant. En une expiration, je bloque celle de Virgil. L'oxygène s'immobilise, stagne, tel le marais lugubre de Nessie. Dans ses poumons. Dans ses narines. Dans sa gorge. L'air délicat qu'il respire, insouciante chose, est de partout mêlée au brouillard qui inonde le quartier. Cette volute qui m'appartient et que je dirige à ma guise. « De qui tu parles, Virgil ? » dis-je alors très sérieusement, le ton grave, en continuant de regarder l'herbe passer de filament en filament. Kareen. Ce simple prénom pouvait provoquer chez moi de nombreuses réactions. Je ne sais pas pour elle, mais je la considère comme ma soeur, depuis le jour où elle s'était rendue au Dirty avec ce colis. Allez savoir pourquoi, elle fait partie de ces gens que je ne toucherais jamais avec d'arrières pensées. Elle est si pure, si délicate, si merveilleuse, que parfois, j'aimerais l'enfermer dans l'une des chambres de ce taudis. Alors que ce baiseur ambulant ait pensé une seule seconde à l'embaucher, à salir son aura angélique... Cela m'agace. « Voit avec elle. Mais je pense qu'elle sera la deuxième personne à te refuser. » dis-je un sourire accroché aux lèvres et un air narquois peint sur le visage.

Et enfin les deux pipes furent finies. Un filet prend lentement la direction d'un baroudeur probablement au bord de l'asphyxie. C'est aussi, enfin, que mon regard se pose sur lui, sur son visage qui reprend quelques couleurs. Et que deux étincelles apparaissent pour allumer le calumet de l'amitié. « Ce n'est pas qu'ils ne tiennent pas le coup. C'est juste qu'ils ne sont absolument pas ponctuels. Or, tu sais. J'aime la ponctualité.». Ah, ironie, quand tu nous tiens. Tu nous en fait dire, des belles conneries. Moi, ponctuel, on a jamais vu ça. Virgil le premier. Et si monsieur avait encore ses esprits, il aurait pigé le trait d'humour, quelque peu douteux, certes, que je venais de faire. « Arrête de te vanter. Ici, l'expert, c'est moi. Alors t'écrase et tu savoures. Ce fournisseur est tout autant dans le flou que nous... Il m'a demandé de lui dire si le reste de son stock m'intéressait... Et à première vue, je vais tout lui prendre...». A mes yeux, la drogue, c'est comme un bon vin. Il faut la manier avec délicatesse. La couper avec douceur et amour. C'est là que tu commences à prendre les quelques effluves qui t'organiseront le plus beau voyage. Puis avec grâce, l'incorporer dans ce qui te sert de piste de décollage. Pour finalement, lentement, la sentir s'immiscer et prendre possession de tout ton corps. Après une literie parfaite, l'homme a trouvé la seconde chose la plus merveilleuse au monde. « Et en attendant, t'es venu les mains vides. La prochaine fois, t'as pas intérêt à te pointer comme un cheveux sur une bière sans mousse... ». Parce qu'au final, c'est ça la base de notre relation. Il débarque sans prévenir. Je râle. Il fout le bordel. Je râle. On s'enfonce dans un canapé et on fume jusqu'à plus d'air.
Suivant mon acolyte, je porte le bec à la bouche. Les embruns font la course jusqu'à mes poumons où ils s'écrasent violemment. Un amas de fumée qui bientôt n'a plus de place. Je la laisse là, retomber patiemment, avant de toute relâcher progressivement, ajoutant de nouveaux soldats à mon armée invisible. Une fois. Deux fois. C'est ce qu'il me faut pour enfin ressentir les premiers effets. Autant dire que ce n'est pas grand chose pour le Maître que je suis. Aurais-je trop chargé le culot ? Je ne crois pas... Mais le fait est là, je commence à être foncdé. « Tu sais gros, on a tous nos petits secrets de jardinage. T'vois, la culturation, c'est vraiment quelque chose de particulier... C'est pas comme tes chouquettes. Ça vient pas en levant l'auriculaire...» Un rire accompagne celui de Virgil; un truc pas très gracieux, légèrement hystérique... « Nan mais franchement... Tu vois Mac' les mains dans la terre ? Il a peur d'un arbuste, alors un plant... Il serait capable de tout faire cramer en moins de deux...». Le pire, c'est que ça avait vraiment faillit arriver... Au tout début de son contrat... On avait frôlé la catastrophe...

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Good kiss of Amsterdam

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