Tu ne te souviens plus très bien de ton passé, cela fait si longtemps ! et même si chaque jour tu y penses, tu ne peux empêcher ta mémoire de devenir floue, volage. Laisses-moi raconter ton histoire Aédé, je te promets que je n’oublierais rien. Ni le meilleur, ni le pire. Comme une promesse de mariage, je vais dévoiler ton histoire, ta vie. Oui ma douce, ne t’en fais pas. Ce sera rapide et après je te laisserais tranquille, promis.

Tu es née en 1120, au sein d’une famille d’itinérants. De voyages en voyages, tu as grandi au cœur du spectacle et de la musique, du chant et de la danse. Toute petite déjà tu impressionnais tes proches avec ta voix cristalline. Une enfant prodige, douée et appréciée des petits gens qui venaient vous voir chaque jour.

Puis tu as bien grandi Aédé. Le temps passe vite lorsque l’ont fait ce que l’on aime, mais toi… tu chantais. Avec une voix si … magnifique et déroutante que beaucoup de monde aimait. Tu es devenue célèbre dans cette troupe et pourtant… Tu es partie. Tu avais besoin d’être libre, de pouvoir chanter partout dans le royaume, de pouvoir raconter un tas d’histoires et de légendes… Et puis tu sais, les femmes comme toi, chantant dans tout le royaume, c’était rare. Tellement rare Aédé que même les plus grands seigneurs ont voulus t’avoir pour t’entendre chanter encore et encore. Parfois même, tu ne faisais pas qu’offrir ta voix, il y avait aussi ton corps. Après tout, tu étais une belle jeune femme à la crinière flamboyante et au regard profond. Personne ne pouvait passer à côté de toi sans se retourner pour te contempler encore un peu, encore quelques secondes avant que tu ne disparaisses.

Mais vois-tu Aédé, être une femme barde n’était pas quelque chose de commun et beaucoup voulurent te faire taire. La cruauté humaine n’a pas de limites douce fleur, et un prêtre a osé te faire passer pour une sorcière. Oui, cette époque était cruelle et ridicule mais on ne pouvait rien y changer, l’église avait le pouvoir et on l’utilisa pour te faire taire à jamais. Ce jour-là, un groupe de gens vinrent à ta porte – dans le lieu où tu te logeais pour la nuit avant de repartir – et t’accusèrent d’être une hérétique, un monstre propageant son horrible chant à travers le royaume. On t’accusa d’un tas d’autres choses encore mais toi, tu te sentais trahie par cette communauté qui t’avait pourtant accueillie les bras ouvert et le sourire aux lèvres. Sur le bûcher, tu les regardas tous. De pitoyables hommes et femmes bernés par une religion ridicule et mensongère. Alors que les flammes montèrent vers toi, tu chantonnas.

♪ Viens à moi, dame de flammes,
Approches-toi et brûle mon âme,
Détruis le bois qui me soutient
Emmènes-moi au plus loin. ♪

♪ Viens à moi, seigneur de la mort
Emporte ces mensonges qui me dévorent
Souffle doux sur mon âme
Délivre-moi des Flammes ♪

Et alors que ta voix s’élevait lentement sur cet endroit où se mêlaient mensonges et trahisons, ton corps brûla avec une passion si dévorante que les plus fous auraient pu croire que ta chanson avait fait plaisir aux flammes te dévorant, détruisant ta peau blanche. Tu as souffert Aédé, plus que tu ne le crois. Tu as souffert et cette souffrance t’a paru interminable. Ta douce voix s’est transformée en un cri effroyable, maudissant ces gens qui t’avaient trahi.

Ce dont tu ne t’imaginais pas, c’est que tu allais atterrir en enfer. Pire encore, alors que Minos prononçait ton jugement, tu te rendis compte que ta voix, ton trésor le plus précieux, avait disparu. Plus rien d’autre n’a compté ce jour-là. Tu avais perdu ta voix, plus rien n’avait d’importance. Aédé, d’une fille insouciante, pleine de vie et chantant ce que tu voulais tu es devenue un ange déchu privé de son trésor, de sa vie. Tu es devenue une femme rongée par le chagrin, dont le visage restait éteint. Mais en même temps, ta beauté n’en a été que plus resplendissante, plus réelle. Une jeune femme aussi jolie que toi dans la vie ne pouvait être que bien plus dans la mort.

Depuis, tu continues de chanter – en playback à ton plein grand regret – dans le cabaret du Quartier 1. Vêtue d’une belle robe noire – qui montre ainsi tes courbes généreuses tout en délicatesse et qui descend jusqu’à tes chevilles, certains clients en oublie parfois ce qu’il faut là juste pour admirer ta silhouette. Il faut dire qu’avec ta peau blanche et tes cheveux roux, le contraste est saisissant de beauté et d’une grâce qui est tienne. Quelques fois pourtant, tu couvres la peau nue de tes épaules par un châle fait de voiles douces et d’un bordeaux raffiné. Comme si le regard de ces gens te gênait un peu. A tes pieds – et mise à part les clients qui profitent de la vue, de belles chaussures noires, vernies et aux talons si hauts qu’il t’a fallu un long moment pour les porter. De ce fait, parfois il t’arrive d’avoir quelques clients voulant quelque chose de plus. Ils veulent ton corps, si beau et si triste à la fois, mais sans ta voix, difficile de te comprendre et surtout de communiquer. Oh bien sûr des fois tu n’as pas besoin d’avoir de voix pour qu’on apprécie ta compagnie mais… cela manque. Ça te manque.

Ah, c’est vrai. Regarde-toi dans le miroir ma douce fleur. Contemples-toi. Lorsque tu ne travailles pas au Cabaret, tu n’es plus ce top canon en robe longue et noire. Non. Tu redeviens l’ange déchu habillé de blanc. Une grande tunique blanche, immaculée comme ta peau d’ivoire et aussi douce que de la soie. Sur tes hanches, tu y as déposé une ceinture marron, comme lorsque tu étais là-haut, à chanter louages et faits quotidiens. Tes cheveux tombant en cascade sur tes épaules jouent un contraste saisissant, tu es simplement magnifique. Peu importe comme tu t’habilles. Oui, peu importe que tu portes avec ta tunique des bottes de cuir marron, ou que tu portes dans ton dos ton précieux instrument. Parce que tu sais quoi, douce fleur ?

Tu souffres chaque jour, tu pleures cette voix que tu as perdue à jamais. Et ça te rend divinement belle.

♪ ma fiche ♪
♪ Disponible pour trois rp ♪

A VENIR