Sujet: Le Journal de Dorian Gray Dim 19 Oct - 21:56
Résister à tout...
Si je suis ton prince, ma douce, ce n'est que par malice. Car vois-tu, ton joli minois, tes lèvres tièdes, tes murmures doucereux, ne soulève rien en moi. Tu n'es, comme tout, comme tous, qu'un instrument pour parvenir à mes fins. Quelles sont mes ambitieux? Mon ange, tu poses trop de question... nous avons tous nos secrets, nos petits secrets, et nul n'aime être nu sur la place publique, comprends-tu? Alors je resterais muet, et je continuerais de te posséder, de te charmer, car tu ne demandes que ça, au fond de toi, tu ne demandes que moi, malgré la sombre réalité que ton âme aperçoit.
Pauvre demoiselle, tu te fourvoie à mon sujet, mais ne pleure pas... le monde entier se fourvoie à mon sujet. Je suis un acteur que veux-tu, un acteur sur la scène de cette comédie humaine qui, perfide, est prêt à tout pour tirer son épingle du jeu. Alors, stratège, je déplace mes pièces sur mon échiquier, usant de mes pions, de mes fous, et de mes tours. Je suis navré mon ange, mais je n'ai ni cœur ni sentiment. Je suis un monstre dis-tu? Je te dirais alors que nul ne me voit ainsi. Car je ment. J'illusionne. Je suis magicien à ma manière. Et viendras le jour, certains, où je les baiserais tous. Mais ô ma douce, je ne t'en ai déjà que trop dis. Gardes mes aveux pour toi, mon ange, gardes tout cela pour toi.... car si un seul mot concernant ceci franchis tes lèvres, assurément, la foule te croira folle. Car Dorian Gray est un homme si galant, à l'âme si noble, qu'il ne soit, en vérité, rien d'autre qu'un salopard.
- Tu fais de la spéléologie pour descendre si bas? -
Chacune d'entre elles est un oiseau volant, surplombant les Enfers de leurs ailes, observant cette ville, écoutant attentivement la moindre confession, me rapporter toutes informations croustillantes au crépuscule. Elles sont Hugin. Elles sont Munin. Et je suis l'Odin sur lequel elles viennent se percher à la tombée de la nuit. Elles me sont précieuses. Chacune de leurs plumes est précieuses. Je ne tolère ni mal, ni même que l'on n'y touche sans mon consentement. Elles sont un investissement, chacune est un investissement... et tout comme je n'aime guère que l'on leur nuise, je n'aime que très peu les mauvais investissements. Messieurs, vous voici ainsi prévenu. Quant à vous, mesdemoiselles, mes douces hôtesses, retenez cela à l'esprit... Comblez vos clients. Comblez-les plus encore. Ils ne se confessent que plus aisément une fois pleinement satisfait. Faites en sorte de ne pas être un mauvais investissement, mes oiseaux. Faites les jouir, et écoutez leurs paroles sur l'oreiller... et à la nuit tombée, sur mon épaule, rapportez-moi leurs paroles au creux de l'oreille. Je suis friand de secret. Je me nourris de secret.
Chaque jour, à la même heure, elle est le visage que je vois sur cet écran de télévision. Elle est le visage que je vois, et dont je me délecte. Elle me fascine, cette présentatrice, alors que ses lèvres ne racontent que mensonges et inepties. Ces lèvres rendues menteuses et viles par la censure qu'exerce ce cher Attila... Ô je ne la connais point, cette fameuse mademoiselle O'Connor, et sans doute, elle, ignore t-elle même mon existence. Mais je ferais en sorte que cela ne soit bientôt plus vrai. Oui, je ferais en sorte que cela change prochainement. Car, le vent murmure à mon oreille que elle, cette femme, ne serait pas inutile pour mes affaires. Faire pression sur elle, pour obtenir des informations qu'elle même ne devrais pas avoir en sa possession, obtenir des informations passant outre la censure. En faire un nouvelle oiseau, une autre oreille trainant dans ce royaume de vice. Et quelle bel oiseau! De noir vêtu, envoutant corbeau, dont je me délecterais des piaillements. Laisses-moi, Mei, te fasciner comme tu me fascines.
Informatrice potentielle
Mei O'Connor Présentatrice du journal télévisé 1 ★ 0
Comment ne pas courber l'échine face à l'auguste Narcisse? Tant de magnificence ne peut que donner naissance à la servitude et à l'asservissement. Flatter son égo, le servir, satisfaire le moindre désir, réaliser les souhaits de son cœur, dans une docilité non-entièrement feintes. Ce manège dure depuis toujours. Et je m'attire ainsi ses bonnes grâces, sans véritablement savoir, au fond de moi, ce que j'éprouve à son égard. J'essaye alors de me persuader qu'il n'a nul emprise sur moi, pourtant, son éclat me fait poser genoux à terre. Je suis son dévoué serviteur, n'ayant encore refusé nul requête de sa part. Et pourtant, je le perçois comme une menace. Une menace à mes plans. Une menace à la concrétisation de mes propres désirs. Mais n'est-ce pas le propre des gourous? N'est-ce pas le propre des maîtres de secte? Car cette religion, cette croyance... n'est que machination pour asservir les âmes à ses désirs. Je ne crois pas en la rédemption qu'il promet à ses serviteurs. Et pourtant, je le sert tout de même... mais le vent d'Est finira par souffler. Et emportera, sur son passage, le grand Narcisse...
Nul coeur n'aime la Mort d'avantage que le mien. Ma mémoire n'a oublié ce jour funeste et bienheureux où j'offris au diable mon âme contre cette jeunesse, cette beauté, éternelle. Coup du hasard, ou réel pacte avec le diable, peu m'importe en vérité... mais je la vis arriver, drapé de son voile de noir et des ténèbres. Son apparat mortuaire. Et elle prit ma vie. Elle me tua devant ce si célèbre tableau. Elle me tua, et inspira la plume de Wilde, donnant naissance à cette légende que tout Hommes connait de nos jours. Mais plus qu'une légende à mon nom, elle m'offrit la jouissance de l'éternité. Mes lèvres voulurent l'embrasser lorsqu'elle mis sa main sur mon coeur. Et je le sentis s'accélérer, louper des mesures dans sa cadence, s'emballer, et s'arrêter. Se glacer. Je me sentis mourir, un sourire sur mes lèvres. La faucheuse me fascine. La faucheuse a toute ma reconnaissance. Mon esprit célèbre sa personne, mon coeur l'idolâtre, mes mots la glorifie, mon corps la sanctifie, et mon âme lui voue une immortelle gratitude. Mille merci, Tanatos.