« Une femme belle est le paradis des yeux, l'enfer de l'âme, et le purgatoire de la bourse. »

Un jour, quelqu'un a dit que la beauté était soeur de vanité et mère de luxure. Quelle belle description d'une chose aussi superficiel que profondément ancrée dans notre chair. La beauté intérieure ne sert à rien pour les personnes dont le physique est attrayant, cette première est un stratagème pour les gens laids qui veulent ce que les luxurieux n'ont cesse de posséder : le désir et les actes de chair qui l'accompagnent.

D'ailleurs parlons-en, des Luxurieux. Ces êtres qui doivent sûrement descendre d'une galaxie pourrie par la pornographie et la fornication quotidienne. Ces hommes et ces femmes qui décident de jouer avec le seul instrument qu'ils commandent et qu'ils connaissent à la perfection : leur corps. Mais où est passée a dignité dans tout ça ? La fierté de la pureté et l'amour-propre de chacun pour son propre
minois? Autant dire qu'il a dû être échangé contre l'apparence appétissante lors de la procréation. Triste histoire de voir tous ces gens tournés autour des autres, comme les abeilles dansent autour de la
fleur avant d'aller soigneusement faire son travail. Répugnant.

J'avais d'ailleurs honte de moi, je me sentais salie d'avoir eu la faiblesse d'esprit à l'époque, de m'être laissée ensorcelé par les mots, la gestuelle et l'apparence de la tentation suprême qui est celle de la
chair. Comment ne pas perdre pied face au plaisir de l'indécence qui est tout entier dans l'acte de la jouissance qui atteint son apogée durant l'acte. Mais quelle descente aux Enfers n'avais-je point subi le
jour où je vis que le péché de chair était une sorte de maladie contagieuse, au point où le prédateur convoitée et au final, possédait plusieurs proies durant le même soir. Et après avoir vu ça, qu'est-ce qui
se passe ? On se suicide. On s'évade dans un autre endroit tout aussi malsain que la vie elle-même. Et malgré ce qu'on peut penser, la mort ne lave pas vos péchés, bien au contraire. Elle ne fait que les accentuer davantage. Malédiction quand tu nous tiens.

Sans doute est-ce pour cela que j'ai choisi d'incarner le bien-être et le soin dans ce nouveau monde. Redonner aux pécheurs la liberté de se sentir vivants et lavés de tout l'espace d'un instant. Quoi de plus sain que de se sentir presque normal pendant qu'on prend soin de vous et de votre enveloppe charnelle. Bien que ce bonheur de bonheur ait une raison différente pou tous, pour certains, c'est un moment de détente pour décrocher du travail, pour d'autres, un moment privilégié pour discuter; mais pour certaines personnes, ce n'est qu'un moyen de se relaxer avant de retourner se baigner dans le vice. Et autant vous dire que ces derniers ont droit à un traitement tout à fait spécial venant exclusivement de ma part. Je vous laisserais découvrir la surprise du chef.

Aujourd'hui, l'ambiance au SPA était zen, comme d'habitude. La porte s'ouvrit et une jeune femme entra. Son allure me dérangeait quelques peu mais je n'étais pas là pour juger mes clients, du moins,
pas tant qu'ils n'avaient pas rempli le formulaire pour voir si je devais m'occuper d'eux personnellement. Je lui tendis la feuille et un crayon, en lui expliquant le pourquoi dudit document et feins mon plus
beau et chaleureux sourire pour la rassurer. Une fois le formulaire rempli, je savais. Je savais que cette cliente était une personne dont je m'occuperais personnellement. Etant la patronne, j'avais certains
privilèges et certains clients habitués avaient droit à des soins particuliers qui leur plaisaient au plus haut point. Et puis, il y avait les autres clients. Ceux que je qualifierais plus de pseudo-cobayes. Ces derniers allaient vivre un moment tout particulièrement désagréable grâce à moi.

" Très bien, Madame Oxard, je vais prendre soin de vous l'espace d'une petite heure. Je vous propose un massage relaxant aux pierres chaudes dans la salle du désert, cela vous plait-il ? "

Après lui avoir expliquer le déroulement du soin en détails, j'attendais patiemment son approbation avant de l'emmener dans l'endroit qui est sûrement le plus chaud de mon établissement. Bienvenue dans mon désert personnel. Allongez-vous et fermez les yeux, vous allez faire un très long voyage Invité.