Peu de temps après mon arrivée aux Enfers, Abelya fut la première à me parler. J'étais épuisée de cette arrivée. C'est après quelques heures d'explication de sa part que j’acceptai enfin ma situation. Elle me proposa un travail au cirque que j'acceptai. Après tout, que faire d'autre ? Ça reste toujours mieux que rien. Et puis j'aime le sport et les activités physiques. Elle parti tandis que je restai dans mon appartement. Je n'avais même pas pris le temps de regarder ce dernier.

Je loge au sixième étage sous les toits de mon immeuble. Ce n'est pas très grand, mais on s'y sent bien, du moins, c'est ce que je ressentis dès mon réveil. Les poutres de la pièce principale et unique étaient visibles. Dans cette pièce rectangulaire, se situait au fond par rapport à l'entrée, mon lit. Devant la porte d'entrée se trouve un coin cuisine très fonctionnel. Il est séparé de la pièce par un petit bar américain en bois et carrelage. Dans la pièce quelques meubles sont disposés : une armoire contre le mur le plus haut, une étagère également. Au centre un petit salon avec une table basse. Le salon possède tout ce dont j'ai besoin.

Heureusement qu'Abelya m'a expliquée la plupart des choses que je dois savoir ici... Ce n'est pas si mal, au moins... c'est chez moi.

Une porte en face de mon lit mène à la salle de bain où se trouvent toutes les commodités : toilette, lavabo et une baignoire ancienne. Un grand miroir se tient au-dessus du lavabo et me permet de confirmer l'apparence que j'ai reçue dans ce lieu et que j'ai découverte au bord du Styx.

Je suis belle... Mais, j'ai l'air tellement fragile et fatiguée.

Je décide de prendre le temps de mieux me connaître. Seule face à moi-même, je laisse glisser ma robe noire le long de mon corps et prépare un bain d’eau bouillante afin de me relaxer. Je m’observe quelques minutes, la chaleur de l’eau me détend et me permet de prendre le temps de réfléchir. Après réflexion, je viens à la conclusion que connaître des personnes dans ce lieu est nécessaire afin de progresser. Je me prépare pour sortir et soigne au maximum mon apparence.

Les souvenirs de mon passé devenaient flous. Un mal de tête me prend. Une nouvelle vie s'offre à moi et dans un dernier soupir, je finis de me préparer. Je récupère un sac noir simple que je trouve dans l'armoire présente et y met tout ce qui me semble utile pour sortir. Je prends soin de bien fermer la porte et descendre les étages. L'immeuble semble dater, mais reste dans un état respectable et propre. Dehors, l'immensité de la ville s'offre à moi. C'est vrai, je ne commence à travailler que dans quelques temps, d’ici là, je peux prendre mon temps pour découvrir ce monde.


Je marche dans les rues, peut m'importe le lieu où je tomberai. Une belle après-midi de toute évidence. Beaucoup de gens se baladent dans ses rues. Je regarde les vitrines, les services proposés : tout n'ai pas présent dans ce quartier, mais je pense pouvoir trouver tout ce que je cherche dans cette ville.

Au détour d'une rue, j'arrive sur une grande place, en son centre une fontaine. Je m'en approche pour découvrir avec le plus grand étonnement que cette dernière dégage une chaleur importante et dont son eau présente une couleur dorée. De l'or ? L’envie ne me manque pas de vouloir toucher ce liquide mais... Sans aucun doute, je m'y brûlerai. Je contemple celle-ci pendant plusieurs minutes.


Un nouveau mal de tête me prend et me force à me reposer. Je m’assois, sur un banc plus loin pour calmer la douleur, au calme, tout en fixant la fontaine. Afin de faire passer la douleur, je me concentre sur ce que je voie. Plusieurs personnes circulent en flux régulier sur cette place. Personne ne sort de ces files humaines, au risque de se faire percuter par un coup d'épaule. Cette scène me rappelle des vaisseaux sanguins et les globules y circulant. La fontaine en serait le cœur. Brûlant. Attirant. Mouvant d’une vie qui m’est familière : l’argent.
Je réfléchis longtemps et relève la tête en arrière :

Et maintenant ? Une éternité ?...

L'idée m’effrayer un peu... Je sortis de mon sac un carnet et un crayon trouvés sur la table de nuit dans mon appartement. J’y écris mes pensées, je ne voulais pas plus oublier ce qui disparaît dans mon esprit. Noter... mais à quoi bon ? Ça ne me sera plus jamais utile de me rappeler… Et comment aborder ces inconnus semblables à des pantins ? Je dois sûrement avoir l’air perdu… Je relève une fois de plus mon visage vers le ciel, le vent balaye maintenant mes cheveux dans mon dos et divulgue clairement mon visage :

N’empêche, quelle belle journée...

Je me détend et relâche mon corps en fermant les yeux. Quelque chose glisse le long de ma jambe et me sort de ma rêverie. Mon stylo m’échappe de mes mains et tombe. Un réflexe me pousse à essayer de rattraper l'objet qui roule déjà vers la foule. Je soupirs et le suis du regard pour ne pas le perdre. Je regarde mon carnet, le ferme et le pose sur le banc. Lorsque mon regard recherche le stylo de nouveau, ce dernier n'est plus par terre... A la place, se dresse un homme. Et c'est avec étonnement que je constate qu'il tient mon stylo !

L'homme ne met pas beaucoup de temps à me remarquer, c'est sans le vouloir que je le fixe.... Il est imposant et impressionnant à mon goût. Il s'avance de quelques pas vers moi.

C'est le vôtre ?

A ces mots je comprends qu'il m'a vraiment remarqué. Légèrement intimidée, je n'ose rien dire pour le moment et rapidement l'homme rajoute quelques mots destinés à ma personne :

Drôle d'endroit pour tenir un journal. Le bruit et la foule ne vous dérange pas pour écrire ?

Je rougis un peu gênée. Je me demande si je dois vraiment m'embarquer dans une grande discussion ou l'achever au plus vite. Au fond, je me rappelle encore de la raison qui m'a poussée à sortir : faire des connaissances. Mais cet homme qui se tient devant moi semble plus intimidant que vraiment aimable. Bien qu'il semble quand même faire un effort d'intérêt envers moi... Je pèse rapidement le pour et le contre dans mon esprit de débuter, oui ou non une conversation. Pour, je peux potentiellement avoir un nouveau contact et en plus de cela un costaud en apparence... Contre, cet homme est peut-être trop curieux... Pour, c'est une occasion qui se présente et je n'ai même pas à faire le premier pas, juste répondre... Contre, il me veut peut-être du mal... Et puis zut, je ne peux pas répondre à cette dernière supposition sans en savoir plus sur la personne devant moi. Je décide d'afficher mon plus beau sourire et de lui répondre en le regardant droit dans les yeux. J'essaye de parler de manière la plus douce et agréable possible, mais assez fort pour qu'il m'entende dans ce brouhaha citadin.

Oui, c'est mon stylo... Et le bruit ne me dérange pas. J'écris... ce qui me passe par la tête.

Je m'encourage à continuer et dans un soupir de courage je poursuis mon explication.

J'écris les souvenirs de mon vivant que je ne veux pas oublier monsieur...

Monsieur ? Est-ce trop ? Je baisse la tête... Non ! Mais je ne dois pas faire ça ! Ça reste quelqu'un comme moi.... Aie aie... Je relève la tête et agrandi mon sourire présent sur mon visage en espérant que l'homme ne me trouve pas ridicule. Je dois vraiment gagner en confiance. Je finis par fixer le stylo sans oser le demander et attend une rection de la part de l'homme présent devant moi intimidée.

Malgré son physique l'homme semble faire de vrais efforts pour ne pas m'intimider. Cela me flattait un peu. Mais peu de temps après avoir fini ma phrase, l'homme me répond :

Appelez-moi Anton.

Cela me surprend tant de spontanéité. Il continua en lançant la discussion.

Vous rédigez les souvenirs de votre vivant, donc ? Vous en avez déjà trop oublié pour vous permettre d'en perdre plus ?

Le fait que ce soit lui qui engage la conversation m'enchanter ! Je n'avais plus qu'à répondre et éviter de briser le fil. Je remarque qu'il me tend mon stylo, mais je ne sais pas depuis combien de temps... Bah. Je tends la main doucement le saisi sans trop oser le tirer et attend qu'il le lâche pour le récupérer.

Merci, Anton.

Hum... trop simple. Il faut continuer et répondre. Même si le sujet me déranger un petit peu, car intimes, ce n'est qu'un moment. Je relève une mèche de cheveux afin de bien dévoiler mon visage. Je n'ai rien à cacher.

Et bien... Je ne sais pas si ça me sera utile, mais peut-être pour éviter de refaire les mêmes erreurs. Même si ça n'a plus d'importance maintenant. C'est vrai ! On est déjà condamné, mais ce n'est pas si grave hein ? Et...

Je remarque que je faisais de grand mouvement de main, je ne devais peut-être pas montrer que j'étais si à l'aise... Et que je ne l'avais pas remarqué. J'espère que je ne lui ai pas fait peur ou qu'il ne me trouve pas trop bizarre. Je suis trop dynamique. J'ai vraiment besoin de me dépenser, vivement que je débute mon travail au cirque. Je n'ai jamais eu l'habitude d'être calme trop longtemps. Je me force à le reprendre d'ailleurs et lui fait un grand sourire.

Quelque part. C'est une nouvelle vie, alors le passé... ce n'est pas si important. Et vous, Avez-vous des souvenirs de votre passé ? Et puis, que faite vous ici ?