A peine avais-je eu le temps de me remettre de ma gueule de bois de la Saint Patrick que déjà, on venait me voir pour me proposer une autre soirée. Quelques anciens collègues, de vue, au moins, de l'Armée US m'avaient retrouvé par hasard, et depuis quelques temps, on faisait la tournée des bars. Cette fois, c'était autre chose. Ils voulaient aller dans le coin un peu huppé du quartier de la Luxure, le bar à hôtesses. En connaissant les tarifs, j'avais failli décliner s'ils ne m'avaient gentiment pas proposé une avance. Comme quoi, les privilèges de grades devaient encore fonctionner ici bas ! N'ayant plus aucune raison de refuser une soirée prometteuse, j'avais donc accepté. Pas d'uniforme, cette fois, juste un pantalon vert, et un T-shirt gris estampillé des lettres noires majuscules "ARMY". Mes plaques d'identifications tintèrent lorsque j'enfilais mon haut après une courte douche, et je descendis rejoindre mes camarades.

L'un venait du Viet-Nâm, un autre de la Guerre du Golf. Deux autres étaient de la Seconde Guerre Mondiale. Et puis moi. Une ribambelle de tueurs historiques, ayant tous vu leur part de massacres et de sang, et ayant tous basculé du côté de la violence. Je marche avec eux, nous tous rigolant bien bruyamment. Les soldats ont cette particularité, qu'elle que soit l'époque, de toujours vouloir se faire remarquer lorsqu'ils sont de sortie. Et nous n'échappions pas à la règle bien sûr. Tout en nous faisant remarquer comme il se devait, le type du Viet, un black, nous arrêta pour nous signaler l'entrée du fameux bar. La façade n'avait rien de particulier, mais la lumière tamisée nous mit directement dans l'ambiance. Même nos éclats de voix se calmèrent un peu, le temps de prendre connaissance des lieux. Le même ex-soldat nous conduisit dans le salon qu'il nous avait réservé pour la soirée, alignant une quantité impressionnante de billets pour ce faire. Un chouette type, ce mec. Et riche, même si j'avais aucune idée de comment il faisait pour se procurer son fric. Mais à vrai dire, j'étais bien loin de me préoccuper de ce genre de détails...

Surtout lorsque les hôtesses arrivèrent ! Deux rousses, une brune et une blonde, on était servit. Comme des rois. Forcément, ça nous avait tous coûté une blinde, mais le champagne arriva en même temps pour qu'on puisse en profiter bien tranquillement. Je dévisageais la brune devant moi, avant de me tourner vers un de mes potes pour lui lancer une remarque grivoise... avant de tiller sur le visage de son hôtesse. Cette rousse me disait quelque chose. Une petite tape sur la cuisse, et la brune échangea docilement sa place avec l'autre, que je pus regarder de plus près. Elle me disait vaguement quelqu'un, que j'avais déjà vu quelque part. Elle par contre, ne semblait pas du tout me reconnaître, ce qui rendait l'identification bien plus ardue. Peut-être était-elle trop concentrée sur ses mouvements sensuels...

Toujours était-il que j'en avais aucune idée. Elle était pas soldate, elle n'en avait pas la carrure, et elle ne ressemblait pas non plus à une fille que j'avais déjà mis dans mon lit... Une beauté pareille, je m'en serais souvenue ! Je sirotais mon champagne, délaissant cette recherche un moment pour profiter du moment. Je jetais de nouveau un oeil à côté pour balancer une remarque au soldat de la guerre du Golf, mes yeux se posant sur le drapeau américain cousu à son épaule... avant de regarder de nouveau la rousse, comprenant soudain qui elle était, et d'où je la connaissais. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'elle ne se souvienne pas de moi : j'étais venu lui annoncer le décès de son mari, il y avait une petite éternité. Je m'en rappelais maintenant parce que je me souvenais lui tendre le drapeau américain plié en triangle, pour lui annoncer la mort de Joshua. Un chic type, lui aussi. Sûrement qu'il devait être au Paradis, lui. Mort alors que je le trainais sur le sol pour l'amener au poste de soin. On était potes, c'était... avant que je ne devienne aussi familier de la Faucheuse.

Bordel. Je me demandais bien ce que j'étais censé lui dire. Je me rappelais même plus de son nom ! Je me souvenais juste des photos que Joshua m'avait montré, et de son visage décomposé lorsque j'étais venu lui annoncer la nouvelle. C'était tout. Je décidais quand même de lui en parler... Après tout, on ne savait jamais ce que ça pouvait donner ! La prenant par la taille, je la baissais jusqu'à ma taille pour la regarder dans les yeux.


- Excuse moi chérie, on s'connaîtrait pas, par hasard ? D'avant la mort ? T'avais pas un mari dans l'Armée ? Joshua ?

Apparemment, ma question parut la gêner, et je crus un instant que je m'étais trompé, en fin de compte. Mais la réponse était tout autre : elle disait avoir tout oublié... avant qu'elle ne me fasse oublier à moi aussi le pourquoi de ma question. Ses lèvres brusquement sur les miennes, et l'apparition d'une coupe de champagne devant moi me firent hausser les épaules. Après tout, c'était tout aussi bien si elle ne se souvenait pas de son mari ! Comme ça, il serait sûrement pas au courant que sa femme m'ait embrassé, haha ! Et puis, j'étais plus ou moins certain maintenant que lui devait être au Paradis ! Ou en tous cas, pas ici. Enfin bref. Toujours était-il que j'avais pas vraiment envie d'y penser, avec la beauté en face qui me faisait les yeux doux. Plutôt pas évident de se concentrer sur des vieux souvenirs. Elle s'était reculée après des paroles bien incitatives, et me regardait maintenant avec un air se voulant innocent... mais qui en disait long, surtout avec sa posture aguicheuse. Mon regard glissa, presque inconsciemment, vers ses cuisses nues, remontant avec grand intérêt sur sa tenue de soubrette, achevant sa course sur sa lèvre qu'elle mordillait délicatement. Oh, quelque part en moi, je savais qu'elle faisait cela simplement parce que c'était son métier, mais je ne pouvais pas y rester insensible, et, je ne cherchais pas à résister non plus, par ailleurs.

Me penchant en avant pour lui prendre délicatement sa main couverte par une protection en cuir, je l'amenais à moi en me rasseyant, la plaçant de fait sur mes genoux, vu le manque d'espace. Saisissant une seconde coupe de champagne, je la lui tendis avec un sourire, mon bras droit passant sous ses reins pour la soutenir tandis que je trinquais avec son verre, buvant lentement l'alcool de luxe. Reposant mon verre avec un soupir satisfait, je reportais mon attention sur la belle rouquine —décidément, je devais avoir un faible pour elles...— la déshabillant du regard, tandis que mon bras passé dans son dos descendait lentement pour que ma main puisse soulever légèrement l'ourlet de sa jupe, mes doigts caressant sa peau nue. Je tournais la tête pour répondre avec enthousiasme à une plaisanterie de mon voisin, déjà bien occupé aussi, et je revins poser mes yeux sur l'hôtesse rousse.


- Oh, je ne doute pas que la soirée va me convenir... dis-je avec un sourire narquois. Je levais ma main oisive vers son visage pour en dégager une mèche rebelle qui lui dissimulait un oeil, avant de reprendre : J'm'appelle Jason. Donc. T'inquiète pas ! Je suis pas ton ex-mari venu te chercher d'ici...


J'eus un petit rire, et bus une nouvelle gorgée de champagne. C'était pas ma boisson préférée, mais ça faisait le travail pour passer une bonne soirée, surtout en si charmante compagnie... J'accentuais d'ailleurs mes caresses sur sa cuisse, déviant mes doigts entre ses jambes pour en caresser lentement l'intérieur, descendant un peu pour venir chatouiller du bout des doigts le haut de sa cuissarde qui lui recouvrait la jambe, remontant progressivement sous sa jupe. Sa peau était douce et chaude, et sa teinte albâtre était foutrement excitante. Fallait croire que j'aimais ce canon de la beauté à la peau blanche et satinée... Et puis, ce qui ajoutait à son charme, sa peau n'était pas absolument blanche non plus ! Je plongeais mes yeux dans les siens, hésitant à leur donner une teinte bleue ou verte. Mais cela n'avait que peu d'importance... J'avas trouvé mon objectif. Approchant mon visage de ses lèvres pulpeuses si attirantes, je l'embrassais juste le temps qu'il fallait pour m'imprégner de son parfum, avant de reculer pour m'installer confortablement dans le fauteuil, un sourire plus large aux lèvres. Je pense me rappeler que j'avais déjà eu envie de faire ça du temps où Josh' me montrait des photos d'elle ! En même temps, elle était canon à se damner, et après tout, on pouvait imaginer que j'étais là pour elle, et non pas pour mes tueries ! Je ris de nouveau à cette pensée absurde, avant de me rappeler de quelque chose. Je pouvais mettre ma main à couper que j'étais proche de me rappeler de son nom !


- Et toi tu t'appelles... Attends, je sais. Je suis sûr que je sais, ne dis rien ! dis-je, posant mon index sur ses lèvres, en profitant au passage pour les entrouvrir, venant les titiller du bout de l'ongle. Rose. J'ai raison ou pas ? demandais-je avec un petit ricanement, reprenant ma coupe de champagne pour la finir en une dernière gorgée.


Mon bras se dégagea de ses jambes pour venir passer sous son haut, posant ma main sur son ventre pour y appliquer de nouveaux massages, remontant avec lenteur, soulignant la chute de sa poitrine du bout des doigts. Détournant un instant le regard de cette beauté ensorceleuse pour chercher la bouteille de champagne et nous resservir, j'amenais ma coupe à ses lèvres pour la faire boire, avant de déposer le verre, prenant une de ses mains dans la mienne. Fronçant légèrement les sourcils, je la délestais de sa mitaine de cuir, préférant le contact doux avec sa peau.


- Alors chérie. J'veux pas t'embêter avec ta vie passée, vu que tu t'en souviens pas, et puis, je pourrais pas t'en parler beaucoup de toute façon. On se connaissait à peine... Tu ne te rappelles vraiment de rien de qui tu étais ?

Ha ! J'étais le meilleur. Ainsi, j'avais retrouvé le nom de la demoiselle assise sur mes genoux. Demoiselle qui, effectivement, ne se rappelait de rien du tout. En même temps, même si elle se souvenait de tout, je n'aurais pas été plus avancé que ça ! Je l'avais vu juste cette fois, quand je lui avais apporté ce drapeau et les condoléances du secrétaire de la Défense... Pas de quoi forger de gros souvenirs, non, ça c'était clair ! Tandis que là, vu sa posture enjôleuse et son rapprochement soudain... Ses lèvres pulpeuses glissèrent quelques mots bigrement attirants à mon oreille tandis que ma bouche se plissa en un sourire carnassier. Ses petites canines se refermant sur mon oreille me firent frémir, tandis que mes mains accompagnaient ses mouvements pour la prendre par les hanches.

Son attitude bien possessive me plaisait particulièrement, et je la rapprochais un peu de moi tandis que mon sourire s'agrandissait à ses dires. Répondant à son baiser avec ardeur, je pris un malin plaisir à lui mordiller la lèvre inférieure, comme une revanche contre ses dents blanches. Je laissais ses doigts jouer sur mon ventre en les suivant du regard, ses doigts sur la boucle de ma ceinture, sa position actuelle, la proximité de ses genoux et son parfum provoquant un début de réaction naturelle à cet endroit là... Avant que je ne passe mes mains dans son dos pour la rapprocher une nouvelle fois dans un baiser, une de mes mains descendant sur la courbe de sa croupe pour les lui caresser doucement.

Je jetais un regard alentours pour voir mes camarades tous bien occupés de leurs côtés également, et je décidais d'accepter la proposition charmeuse de cette hôtesse si accueillante. Mon autre main glissa sur ses vêtements jusqu'à sa nuque, et je la soulevais en me relevant, la portant dans mes bras comme si elle ne pesait rien, avant de la déposer sur mon épaule avec un rire sonore. J'aurais pu lui demander d'ouvrir le chemin pour l'observer de dos, mais j'aurais bien assez de temps pour cela une fois dans un cadre plus restreint. Je lançais donc à la cantonade :


- J'reviens les gars, j'ai à faire avec la dame...


Ce fut à peine si je récoltais un regard de la part des soldats accaparés par leurs hôtesses. Allons, quoi, ils étaient paralysés d'avoir une femme sur leurs genoux ou quoi ? Haussant une épaule, je pris une bouteille de champagne dans une main, et j'avançais dans la direction indiquée par la rouquine, en profitant allègrement pour lui caresser les jambes tandis que je poussais la porte qui interdisait l'accès à un des salons privés. Je déposais mon fardeau délicatement sur le canapé, m'asseyant à côté d'elle avec un léger soupir. Faisant sauter le bouchon de la bouteille en nous éclaboussant un peu, je la lui proposais à même le goulot, un léger baiser dans le cou l'encourageant à s'enivrer. La prenant dans mes bras, je passais une main sur son ventre pour lui remonter très légèrement son faux corset, avant d'infiltrer mes doigts contre sa peau.

Reprenant la bouteille, je bus une rasade de champagne en revenant l'embrasser dans le cou, y appliquant une légère morsure pour lui laisser un suçon. Je la pris ensuite par la cuisse pour la faire s'assoir à califourchon sur mes genoux, mes mains lui caressant généreusement les hanches alors que je la contemplais d'un air entendu. Quelle bonne idée elle avait eu de m'emmener ici ! M'adossant confortablement contre le dossier du canapé, et tout en lui soulevant lentement la jupe du bout du pouce, je poursuivis la "conversation" :


- Tu sais, je veux pas te bassiner avec ton passé, vu que t'as pas l'air d'y tenir... Mais si jamais t'as besoin de quelque chose... Gros bras ou d'un service, par respect pour ton mari et mon pote, hésite pas à passer me voir. Je suis coach sportif dans l'Envie.


J'étais pas vraiment du genre à proposer de l'aide comme ça, mais en même temps, je connaissais très peu de gens de mon passé ici. Et puis, ça ne coûtait rien que de lui donner ça ! Passant une main sous sa jupe sur son bas du dos en demi-lune, le massant sans hésitation sans la quitter du regard, l'autre main remontant le long de ses courbes pour se poser sur sa poitrine en la caressant sur ses vêtements.


- Alors... Rose. Maintenant que tu m'as volé à mes amis, tu as une idée derrière la tête ? demandais-je en plissant légèrement les paupières avec amusement.